La riante campagne vaudoise.

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la fête des maires - Thierry Amy, Syndic de Cugy/VD

«Cugy est la porte d’entrée de la campagne vaudoise»

20 Déc 2023 | Articles de Une

Adossée aux forêts du Jura, Cugy est la troisième commune la plus peuplée du Gros-de-Vaud. Elle possède un cadre de vie à l’esprit villageois et proche de la nature, tout en offrant le confort de la proximité de Lausanne grâce à un bon réseau de transports publics, comme l’explique Thierry Amy, Syndic de Cugy et président de Lausanne Région. Se voulant avant-gardiste en matière de production d’énergie solaire et d’économie d’énergie, notamment en lien avec la récente mise en place d’un contrat de performance énergétique (CPE) pour son éclairage public, Cugy s’est récemment dotée d’un Plan énergie climat communal (PECC) ambitieux.

– Quelle photographie peut-on faire de Cugy?
– Cugy est très liée à l’agglomération lausannoise. Elle fait partie de sa deuxième couronne. Cugy est essentiellement résidentielle, avec environ 2800 habitants et 300 entreprises installés sur son territoire. Depuis 2017, suite à l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) et afin de permettre la révision de son Plan d’affectation communal (PACom) dans un climat apaisé, l’ensemble du territoire bâti résidentiel de Cugy s’est trouvé zone réservée, jusqu’à ce printemps. Cette période d’accalmie a certes ralenti le développement démographique de notre commune, mais a en revanche permis aux autorités municipales de se donner le temps de réfléchir à l’avenir du développement territorial, ainsi que de la meilleure manière de dynamiser le secteur des activités à travers la création d’une nouvelle centralité.
Nous avons également comme projet dans notre futur Plan d’affectation communal de développer les secteurs du scolaire et du social avec, par exemple, l’extension de notre collège secondaire et la construction d’un EMS. Nous avons beaucoup de villas dont les propriétaires ont aujourd’hui veilli et qui cherchent des solutions d’hébergement – avec une aide médicale ou non – pour leur avenir sur le territoire communal.
Par ailleurs, Cugy souhaite aussi demeurer une commune attrayante pour les jeunes familles; elle attache ainsi une grande importance au maintien d’une offre de structures scolaires et parascolaires adaptées et efficientes.

– Les prix de l’immobilier sont-ils attirants pour des familles?
– Par rapport à Lausanne et l’Arc lémanique, les prix du foncier sont moins élevés. Le territoire communal, constitué principalement de zones résidentielles composées de villas, avec des parcelles d’une surface minimale de 1500 mètres carrés, fait que toute acquisition immobilière reste souvent un investissement important. Il faut en effet compter sur un budget entre 1,2 et 2 millions pour acquérir une villa individuelle sur notre territoire. Dans ce contexte, devenir propriétaire est très difficile pour de jeunes parents. Nous assistons du reste à une nouvelle tendance: deux familles se mettent ensemble pour acheter et se partagent ensuite la maison.
L’avenir passe par la densification, puisqu’il n’est plus possible de prendre des surfaces agricoles. Nous allons devoir travailler sur l’existant, notamment dans le Vieux-Bourg et le long de la route cantonale. Le projet consiste à créer des zones mixtes, avec des logements et des activités au rez-de-chaussée, afin d’attirer du public durant la journée.
Nous avons déjà la chance d’avoir un centre actif, en particulier dans le domaine médical, avec deux centres médicaux composés d’une dizaine de médecins généralistes, plusieurs cabinets de physiothérapeute, un dentiste, et deux pharmacies. Nous notons aussi une bonne diversité de commerces de proximité, des centres commerciaux, trois boulangeries… L’offre gastronomique est variée, avec trois restaurants très différents: le Mumu, asiatique; la Poste, un café vaudois typique; et le Moulin de Cugy, qui propose une cuisine de brasserie qualitative et fort appréciée de la clientèle de la région, dans le cadre d’un ancien moulin entièrement rénové il y a une dizaine d’années.

– Qu’en est-il de la mobilité?
– Nous sommes bien desservis, avec deux lignes régionales. La première permet de rejoindre la Riponne et Froideville, avec une cadence au quart d’heure; la seconde relie Cugy au Mont-sur-Lausanne et à la gare de Renens, avec une cadence à la demi-heure. Il s’agit d’une ligne récente, mise en place il y a trois ans et destinée à se développer à l’avenir en direction d’Epalinges (Clochatte) avec une cadence plus élevée.
Cugy est ainsi très bien connecté avec le centre de Lausanne, de même qu’en direction de l’EPFL et de l’ouest lausannois. Les jeunes peuvent aussi sortir le soir sans avoir à dépendre des parents ou devoir prendre la voiture, grâce aux horaires de nuit des lignes de bus.
Nous réfléchissons aussi à introduire de petits bus autonomes pour amener les gens aux principaux arrêts de transports publics. Ce type de véhicule pourrait être une solution, car nous éviterions le coût salarial du chauffeur.

– Cugy a été avant-gardiste dans le développement du solaire. Quelle est aujourd’hui sa politique énergétique?
– Nous avons notamment introduit dans le règlement des constructions des éléments permettant la construction de toits plats et donc la pose de panneaux solaires de manière optimale. Cugy comptant beaucoup de villas datant des années 50 à 90, leur situation est souvent celle de passoires énergétiques. Afin d’encourager la transition énergétique, nous avons instauré des aides financières pour les privés à travers un fonds dédié à cet effet, alimenté par une taxe perçue sur la consommation électrique de chaque ménage.
Cugy a également été la première commune de Suisse romande à passer avec Romande Energie un contrat de performance énergétique (CPE) pour l’éclairage public. L’entreprise s’engage à faire baisser la consommation pour atteindre un certain niveau. Si elle n’y arrive pas, elle doit payer un malus à la commune et, à l’inverse, si elle parvient à faire baisser la consommation en dessous du seuil prédéfini, c’est la commune qui reverse de l’argent à l’entreprise. L’investissement est réalisé par notre partenaire, ce qui nous a permis de changer notre éclairage ancien pour des leds beaucoup moins énergivores, sans avoir à nous endetter. De plus, l’éclairage se gère à distance, de manière très pointue.
La population a bien très accueilli ce changement, qui s’est fait de manière progressive. De plus, l’éclairage est dynamique: la lumière s’allume quand quelqu’un passe, permettant de donner aux usagers un sentiment de plus grande sécurité. L’éclairage est en place depuis deux ans et nous allons prochainement recevoir le premier bilan des économies d’énergie réalisées, qui sera établi par une société de contrôle indépendante.

– La population de Cugy augmente. Cette hausse a-t-elle un impact sur les mentalités?
– La mentalité de village reste la même. La plupart des habitants se connaissent et sont très impliqués dans la vie locale, notamment par le biais de nos nombreuses associations locales. C’est quelque chose que les jeunes familles recherchent beaucoup, une vie sociale de village tout en bénéficiant de la proximité de la ville. L’école est un autre atout important pour Cugy, car les familles apprécient le fait que leurs enfants puissent vivre l’intégralité de leur scolarité obligatoire dans la commune et aller à l’école à pied. Nous sommes également une commune pilote pour le numérique dans le secondaire, ce que les parents apprécient.
Néanmoins, ces dernières années, nous avons dû faire face à une augmentation des incivilités et de la petite délinquance, en raison notamment de la présence d’un centre commercial et de nombreux élèves du collège secondaire se trouvant au centre du village historique. Nous avons créé un centre socio-culturel et collaborons avec des travailleurs sociaux de proximité, de même qu’avec la gendarmerie dans les cas plus graves, et les résultats sont positifs.

– Avez-vous des projets de nouvelles infrastructures à moyen ou long terme?
– En plus de la zone mixte dans le village, nous souhaiterions construire une piscine régionale. Actuellement, les enfants scolarisés à Cugy ne peuvent pas suivre les cours de natation prévus dans le programme scolaire cantonal, car il n’y a plus de place disponible dans la piscine scolaire au Mont-sur-Lausanne; les autres piscines se trouvent situées trop loin pour juste une heure de natation hebdomadaire. Le budget de construction d’une piscine serait de l’ordre de 15 à 20 millions de francs, avec un coût d’exploitation estimé entre 600 000 et 800 000 francs par an, ce qui équivaudrait actuellement pour Cugy à huit points d’impôt; une telle infrastructure ne pouvant pas être assumée par une commune seule, la Municipalité de Cugy a obtenu le soutien de principe de communes voisines, ainsi que de la Région du Gros-de-Vaud, pour développer ce projet ces prochaines années. En plus de répondre aux besoins des écoles, la piscine pourrait aussi intéresser la Fondation Echaud, qui accueille les personnes adultes polyhandicapées et atteintes de paralysie cérébrale, les nombreux thérapeutes présents sur notre territoire, ainsi que plusieurs associations sportives aquatiques de la région.
Globalement, le projet suscite l’intérêt des communes avoisinantes, mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements, car nous devons encore procéder à l’adoption de notre nouveau Plan d’affectation communal.

 

Propos recueillis
par Virginia Aubert

Thierry Amy.