Deux médailles pour Celine: championne du monde de contre-la-montre et vice-championne du monde en course sur route. Toutes les deux obtenues cet été à Glasgow.
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culture & nature - Celine van Till, athlète et députée
Les deux vies d’une jeune prodige
Athlète d’élite, elle aborde sa troisième discipline sportive et prépare les Jeux paralympiques de Paris. A peine élue députée, elle lance avec d’autres jeunes une Initiative cantonale. A 32 ans, elle vit déjà une seconde existence. Celine van Till, rescapée d’un accident d’équitation, réinventée en coureuse de fond, puis en cycliste, trouve sa force et son épanouissement dans l’activité physique de pointe. Elle milite pour que l’accès à une pratique sportive diversifiée soit facilitée, car elle y voit un facteur de bien-être individuel et social.
Au début, ce devait être comme une thérapie; au final, ce le fut pleinement. «Quand j’avais six ans, ma mère m’a mise au poney pour m’aider à vaincre ma timidité», raconte Celine van Till. Onze ans plus tard, alors qu’elle évolue en équipe nationale junior de dressage, elle est victime d’un traumatisme crânien. Elle se réveille partiellement tétraplégique, malvoyante et en ayant perdu ses capacités mentales. «Après mon accident, je suis revenue au cheval, il a été mon meilleur médecin, camarade et psychologue», témoigne la jeune femme; c’est un être vivant qui ressent et partage les émotions».
Reconvertie dans le sprint sur 100 et 200 mètres, elle préparait les JO de Tokyo 2021 quand une chute sur la tête l’amène à arrêter l’entraînement. Désormais, elle s’adonne au cyclisme sur route, sur un vélo à trois roues, lourd de quatorze kilos (rien à voir avec les sept kilos des bécanes du Tour de France!). Déjà qualifiée pour les Paralympiques de Paris 2024, elle s’entraîne au Salève qu’elle monte allègrement, parfois deux fois de suite. «Comme je ne peux pas m’incliner dans les courbes, je dois ralentir avant les virages et relancer le vélo à la sortie», explique-t-elle.
Celine s’adonne au cyclisme sur route, sur un vélo à trois roues, lourd de quatorze kilos.
Sa propre entreprise
Elle a créé la société Lead2progress SA. «A travers cette structure, je gères mes engagements de conférencière, les droits de mes deux livres («Pas à Pas, histoire d’un accident et d’une résurrection» et «Tout est possible», édités chez Slatkine) et ma carrière sportive», commente-t-elle. Pour l’heure, elle n’a pas le temps de gérer d’autres athlètes, mais n’exclut pas de le faire dans le futur.
Militante pour l’égalité des droits et une meilleure inclusion des personnes en situation de handicap, Céline van Till s’est engagée dans l’armée suisse. Elle commencera son école de recrues en novembre au centre national du sport à Macolin. «L’armée est l’une des seules manières pour un sportif d’élite de monter vers le niveau semi-professionnel en Suisse», constate-t-elle. Et puis les sportifs peuvent consacrer leurs cours de répétition à des compétitions ou des camps d’entraînement, en touchant les APG militaires.
Une Initiative pour le sport
En avril dernier, elle a été élue sans coup férir au Grand Conseil, sur la liste PLR. «Le sport est l’un de mes domaines de prédilection, en plus du handicap. Le sport est une façon de se faire du bien. Si l’on est bien avec soi, on est bien avec les autres. Cela touche la santé, le lien social et la mobilité, notamment», professe la nouvelle élue.
Pour placer le sport parmi les priorités des politiques publiques, elle a lancé une Initiative cantonale «Pour une politique sportive ambitieuse à Genève» (voir page 16). A travers un nouvel article constitutionnel, elle demande que le canton promeuve le sport de masse et le sport d’élite pour tous, bien-portants et porteurs de handicap. «Le sport d’élite, exemplaire pour les jeunes et crucial pour l’image de Genève, n’est possible que s’il y a une large base de sportifs amateurs», constate-t-elle; aujourd’hui, il manque des infrastructures de qualité». En ce moment, tout en préparant Paris, elle pense à travers son Initiative à ceux qui n’ont pas eu sa chance ou aux enfants qui sont refusés dans des clubs par manque de place.
