La Pépinière Jacquet prépare l’avenir

Créée en 1907 et destinée aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels, la pépinière Jacquet s’étend sur 30 hectares, répartis sur plusieurs sites genevois (Satigny, Bernex, Presinge, Veyrier et Troinex). Quelque 12 000 plantes aux variétés, formes et couleurs les plus diverses y sont produites. En 2022, la pépinière Jacquet a été labellisée «Bourgeon Bio Suisse» après deux ans de reconversion, ainsi que quarante ans de travail en culture raisonnée; cette même année, Jacquet a été certifié B CorpTM. Ces reconnaissances viennent compléter les labels déjà obtenus par la Pépinière: Nature & Economie, Plantes suisses (pour les sujets de plus de deux mètres) et Genève Région Terre Avenir (GRTA).
Les étés caniculaires, les épisodes de sécheresse, mais aussi le gel, les parasites et les maladies mettent à mal nos arbres et préfigurent les conditions qui devraient prévaloir à l’avenir. C’est pourquoi certaines parcelles de la pépinière Jacquet sont réservées afin de tester les essences les mieux adaptées au changement climatique. Une véritable «nurserie» qui exige de nombreuses compétences et une bonne dose de patience!

Disposer des plantes quand on en a besoin

L’essentiel des arbres qui peuplent nos rues et parcs ont été importés de l’étranger. «Dans un contexte où l’économie locale et les circuits courts sont sur toutes les lèvres, cette pratique montre désormais ses limites, souligne Bastien Fleschmann, architecte paysagiste et directeur adjoint chez Jacquet SA. Les végétaux s’adaptent plus difficilement à notre territoire lorsqu’ils ont été produits et élevés dans d’autres types de sols. De plus, les longues distances parcourues fragilisent les spécimens de grande taille et leur transport implique un bilan carbone peu favorable». Il vaut donc mieux recourir à un producteur local, travaillant si possible avec des méthodes de culture écologiques. A la pépinière Jacquet, les végétaux se développent sur des terres agricoles genevoises: le moyen d’optimiser leur reprise au moment de la transplantation.
Dans le but de garantir au maître d’ouvrage l’approvisionnement en végétaux à la fin de son chantier, la pépinière Jacquet propose des «contrats de culture». En concertation avec les mandataires (architectes, ingénieurs, promoteurs-développeurs, communes, Etat, etc.), les équipes de pépiniéristes sélectionnent les essences de la meilleure qualité possible, assurant ainsi force et dimension à la mise en culture. Les techniques de conduite et de formation des végétaux sont également choisies; en fonction des options, les arbres seront taillés et travaillés pendant trois ans au minimum. Cette planification permet de fixer à l’avance les essences fournies à la date convenue, ainsi que leurs caractéristiques et prix. Autre avantage: l’investissement peut être échelonné sur plusieurs années.
Au terme du contrat de culture, les plantes arrivées au stade de maturité et parfaitement acclimatées aux conditions locales seront livrées au client pour être replantées dans leur emplacement définitif. Par exemple, la pépinière Jacquet cultive actuellement des arbres qui prendront place le long d’un tronçon de la Voie verte, sur la rive droite. «Les pépinières européennes font face à un afflux de demandes auxquelles elles peinent à répondre, indique Nicolas Maye, responsable de la pépinière Jacquet. Dans les conditions actuelles, personne ne peut prédire comment sera le marché des arbres d’ici quelques années, surtout pour les essences très prisées, dites d’avenir, dont l’offre se raréfie».

La Pépinière Jacquet.

La culture de l’arbre s’implante
en ville

Nées d’une initiative cantonale genevoise, «les pépinières urbaines» permettent la culture d’arbres en milieu urbain à proximité de futurs chantiers de plantation. L’entreprise Jacquet a collaboré à plusieurs projets, à la demande de l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN). «Ce sont des sortes de contrats de culture en milieu urbain: le principe est le même, si ce n’est que nous élevons des plantes sur un terrain qui ne nous appartient pas, précise Bastien Fleschmann. Il faut par conséquent préparer le sol pour créer une mini-pépinière dans un espace du centre-ville». En 2021, l’entreprise Jacquet – avec la participation des élèves de l’établissement scolaire adjacent – a cultivé de jeunes plants au parc André-Chavanne (Grand-Saconnex): aux arbres et arbustes d’ornement s’ajoutent 150 fruitiers haute-tige, dont une partie labelisée Pro Specie Rara. Les pommiers, cognassiers, pruniers, poiriers, amandiers sont en pleine croissance, procurant de l’ombre aux usagers et enrichissant notre patrimoine fruitier. Lorsqu’ils seront matures, ces végétaux seront déplacés et mis à disposition de l’Etat et/ou des communes partenaires pour leurs projets respectifs.
Une autre pépinière urbaine – également ouverte au public – a été créée au Domaine Rigot, à côté de la Place des Nations. Les 150 arbres qui grandissent dans ce parc seront plantés, par la suite, le long du tracé du tram Nations-Ferney-Voltaire, à quelques mètres de là. Difficiles à trouver, la plupart de ces essences nécessitent une taille soignée, afin de leur donner une forme particulière. A terme, les machines n’auront qu’à déterrer les arbres et les amener sur le chantier voisin. Fini les longs parcours en camion impactant notre environnement!

Véronique Stein