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culture - Petite sélection

Trois livres (à lire) pour les Fêtes

20 Déc 2023 | Culture, histoire, philosophie

Bien sûr, il y a ces livres d’art qui envahissent les librairies à Noël et qui célèbrent les grands vins et les alcools précieux, les sites historiques ou les paysages de rêve, mais il y a aussi tous ces livres qui, comme tout le reste de l’année, parlent de politique, de spiritualité ou de culture…

Le Paradis est épars

On la connaît pour son œuvre philosophique considérable, ses ouvrages historiques et ses essais. Dans ce roman un peu étrange, à commencer par son titre, «Le Paradis est épars», la philosophe française Chantal Delsol, qui revendique son engagement catholique, se transporte dans le massif des Ecrins, au cœur des Alpes. Un univers qui tutoie les cimes, qui vibre et frémit dans une sorte d’effervescence spirituelle silencieuse et profonde. C’est dans ce paysage à part, celui de la douceur et de la dureté extrêmes, c’est dans ce monde de vertige et de vérité que Chantal Delsol raconte l’amitié de deux jeunes hommes, un natif, Chris, devenu guide de montagne comme il le voulait depuis l’enfance, et un vacancier italien, Lorenzo, devenu écrivain.
Le paradis est épars, comme dit le titre, et il est surtout imprévisible et déroutant tout en étant, au fond, parfaitement logique et inéluctable. L’amitié entre les deux jeunes hommes, qui s’étendra finalement sur plus de trente ans, n’est-elle que le fait d’un hasard qui ne veut rien dire et qui n’a pas de sens, ou est-elle le signe d’une autre réalité, voilée et inaccessible, dont parlent les mystiques? «Nous ne voyons que l’envers des choses», disait Victor Hugo, et ce petit livre joyeux et tragique n’affirme rien, mais invite à voir la vie de haut, de très haut.

Le Paradis est épars,
par Chantal Delsol,
Editions du Cerf.

Le monde qui se lève

Il était amoureux de la Suisse et de ses paysages, de sa tranquillité, de sa douceur et, plus que tout, de sa sagesse. Décédé il y a six mois, juste après la sortie de ce livre d’entretiens, Alexandre Adler était journaliste à Paris, historien, essayiste, spécialiste de politique internationale. Un esprit encyclopédique d’une liberté absolue et d’une audace folle, dont les analyses ne cessaient de séduire et de déranger. Il était né dans une famille juive d’Europe de l’Est plongée depuis toujours au cœur de l’histoire. Il était cousin de Béla Kun et demi-frère de Gregor Gysi, le dernier premier ministre de la RDA après la chute du Mur. Son père avait été le chef de l’Orchestre rouge, le mythique réseau d’espionnage en Europe de l’Ouest, c’était un familier et un ami d’Andropov qu’il avait connu bien avant son ascension et son élection à la tête de l’Union soviétique.
Alexandre Adler aimait la Suisse, «la petite Suisse» comme il l’appelait affectueusement, et tout particulièrement l’Engadine qu’il considérait comme un paradis. «J’ai connu l’Engadine dès l’enfance et ses ondes m’ont porté depuis toujours. Déjà mes parents et grands-parents y séjournaient. L’Engadine, d’une certaine manière, est un endroit utopique. (…) J’ai totalement vécu et connu cette région, à ski et à pied, lors d’immenses marches qui étaient de véritables découvertes du monde». Une région de tendresse qui était pour lui «comme le chiffre secret du bonheur et d’une utopie européenne à venir».
Souvent dans le secret des dieux, Alexandre Adler affirme aussi dans ce livre que le président russe Vladimir Poutine a une histoire personnelle complexe et totalement contraire à son histoire officielle. Il serait le fils, selon lui, d’un certain Yakov Broverman, l’un des adjoints de Beria et le chef du contre-espionnage soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale, tombé en disgrâce sous Staline. Vladimir Poutine aurait été adopté par Youri Andropov, comme le prouverait sa présence dans la famille du leader soviétique lors de ses obsèques. Une thèse a priori hallucinante… qui n’a pourtant fait l’objet jusqu’ici d’aucune réfutation.

Le monde qui se lève,
par Alexandre Adler,
entretiens avec Jean-Christophe Aeschlimann,
Editions de l’Aire.

Le Soleil et nous

On parle beaucoup de lui, mais on ne le connaît pas vraiment. On parle beaucoup de lui à cause des coups de soleil (qui sont méchants) et à cause des panneaux solaires (qui sont gentils). Physicien solaire à l’Observatoire royal de Belgique, Frédéric Clette explique dans ce gros livre de presque 500 pages tout, tout, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Soleil… sans avoir forcément pensé à le demander. C’est «la Bible du Soleil», s’exclame Bertrand Piccard dans sa préface. Un livre qui se lit comme un polar et laisse finalement l’étrange impression, pas désagréable, d’avoir compris quelque chose au grand mystère de l’Univers et de la vie…

Le soleil et nous,
par Frédéric Clette, préface de Bertrand Piccard,
Editions Favre.

Robert Habel