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Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

Valse à trois lectures

21 Août 2024 | Les 4 vérités de Jean-Marc Vaudiau

L’être humain ne se définit
plus par ses racines, mais
par la rupture avec son
fondement.

Le Moyen Age avait une lecture du monde qui, avec des nuances tout au long des siècles, se fondait sur la religion. En ville comme à la campagne, la vie des Européens d’alors est rythmée par l’Eglise: c’est elle qui explique les textes, elle qui enseigne, elle qui maîtrise le temps et donne l’heure, c’est elle qui organise les fêtes collectives, bâtit les plus beaux monuments et préside aux choses de l’au-delà.
Avec la Renaissance, on n’a pas redécouvert les auteurs anciens, Grecs et Latins, car les médiévaux les connaissaient fort bien, mais on les a lus autrement grâce à la généralisation de l’imprimerie. La figure du prêtre a pâli peu à peu. Les lumières de la foi se sont tamisées et ont fait place aux lumières du savoir. Avec l’humanisme classique, c’est la dimension culturelle qui s’impose à la place de la dimension religieuse, toujours présente, bien sûr, mais plus assourdie. Naissance de la science moderne, de l’Encyclopédie, stimulée par une volonté de connaître; une curiosité nouvelle s’installe et, avec elle, l’idée de tolérance.
Et cette période riche s’est maintenue jusqu’au dernier quart du XXe siècle, en fait jusqu’au moment où la culture a été confondue avec l’élitisme; où l’école a été tenue pour le lieu de reproduction des inégalités; où des minorités incultes se sont senties méprisées; où l’admiration des œuvres a été confondue avec de la faiblesse et où toute hiérarchie fut un crime de lèse-égalité.
Notre lecture actuelle du monde est celle de l’écran, de la facilité, du tout-tout-de-suite, du refus de la filiation. L’être humain ne se définit plus par ses racines, mais par la rupture avec son fondement. L’Européen n’est plus le fils de ses origines grecques, latines, bibliques, humanistes, littéraires, mais celui du déracinement propre au multiculturalisme. Or ce qui semblerait une ouverture universelle, et à ce titre bénéfique, est devenu l’oubli de soi et même, dans plusieurs cas, la détestation de soi. Sous le régime actuel de l’homme inculte, pourquoi durer si on ne s’aime plus?