Le wokisme s’en prend à la littérature pour la jeunesse

Aseptiser le texte pour le rendre wokocompatible, voilà à quoi se livrent les éditeurs de Roald Dahl. On avait déjà entendu parler de la «Divine Comédie» de Dante, rectifiée par un éditeur néerlandais, de coupures dans les citations de Jacques Bainville et de bien d’autres inepties du même tonneau. Mais aujourd’hui, il s’agit d’enrégimenter la jeunesse dans le wokisme, afin d’en faire les décérébrés de demain dont la gauche a besoin. Les exemples de réécritures sont multiples dans les romans de Roald Dahl: on modifie tout ce qui pourrait heurter les minorités (les gros par exemple), on efface, et toutes les corrections forment la purge néomoderne qui n’est pas sans rappeler l’URSS de la grande époque et les heures glorieuses du soviétisme. On mutile les œuvres, rien de moins!
La logique des censeurs à l’œuvre est inadmissible, mais elle est claire: la déconstruction réside dans la volonté de remodeler une modernité lisse et plurielle, c’est-à-dire multiculturelle. Et cette pédagogie de la diversité des minorités sert à effacer l’histoire et les œuvres. C’est l’ère de la disparition, on produit de nouveaux récits épurés pour rectifier l’histoire. Ce révisionnisme culturel n’est pas innocent, il fonctionne comme une grille de lecture manichéenne a posteriori. Récrire les œuvres, c’est en supprimer les nuances, apporter des lignes simplistes, mais camouflées sous l’appel à la diversité ethnique, fort dommageables pour l’esprit en devenir des enfants.
Que faire? La lâcheté des élites, leur trahison sont désarmantes. Adopter la nouveauté, c’est être ouvert, croit-on! Cette nouveauté qui se place résolument du côté du Bien est aguicheuse, elle ressemble au langage inclusif, à l’orthographe rectifiée, au langage facile à lire et à comprendre (FALC). Mais en réalité il s’agit d’une vision clanique agressive, d’un radicalisme aveugle qu’il convient de combattre pied à pied partout où on le rencontre, y compris au sein de notre propre famille.