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Automne éditorial

Les livres de la rentrée – 22.09.2021

22 Sep 2021 | Le coin lecture

Architecture, urbanisme, décoration, design… Les lieux de vie, ainsi que l’art de vivre, inspirent plus que jamais auteurs et éditeurs.

Philosophie de l’ameublement

Quel casting de rêve: un texte signé d’Edgar Allan Poe, avec une traduction de Charles Baudelaire, comme les «Histoires extraordinaires»! Fondées il y a une trentaine d’années, les Editions Mille et Une Nuits sont spécialisées dans la publication de grands textes du passé dans les domaines de la littérature et des sciences humaines. Dans ce tout petit livre d’une quarantaine de pages, «Philosophie de l’ameublement», on découvre ainsi que l’immense et tourmenté Edgar Allan Poe, l’auteur du «Chat noir» et de la «Lettre volée», s’intéressait aussi à ce que l’on appellerait aujourd’hui l’architecture d’intérieur et le design.
Né le 19 janvier 1809 à Boston, où ses parents étaient des comédiens désargentés, puis émigré en Angleterre à six ans avec sa famille d’adoption avant de revenir cinq ans plus tard en Amérique, à Richmond, le futur écrivain aura baigné tout jeune dans des décors et des atmosphères multiples. Il s’interroge, dans ce livre, sur la place des tapis, des tableaux, des couleurs, des fauteuils, des grands lustres majestueux qui éclairaient alors les pièces. Il est moderne, à sa manière, puisqu’il considère que «l’éclat est la principale hérésie de la philosophie américaine de l’ameublement» et qu’il plaide pour une certaine sobriété qui laisse vivre et respirer la maison. Décédé le 7 octobre 1849 à Baltimore, à 50 ans, Edgar Allan Poe n’aura cessé de s’intéresser à la vie sous toutes ses formes, souvent dramatiques et tragiques, mais aussi esthétiques et artistiques.

«Philosophie de l’ameublement», par Edgar Allan Poe,
Editions Mille et Une Nuits, 43 pages

Wine by design

D’un côté les grands châteaux du Bordelais, de l’autre les plus grandes stars de l’architecture mondiale: ce qui les réunit, ce sont les chais au style très contemporain dessinés par ces créateurs pour ces domaines de tradition et d’excellence. Un livre d’art au cœur des vignobles les plus prestigieux! Lafite Rothschild, Margaux, Mouton Rothschild, Pichon Baron, Montrose, Cos d’Estournel… Norman Foster, Ricardo Bofill, Christian de Portzamparc, Jean Nouvel, Jean-Marie Wilmotte, Jacques Garcia, Mario Botta…
«Vin et architecture se magnifient réciproquement, explique l’auteur (au nom prédestiné), Philippe Chaix. Que disent ces nouvelles formes architecturales? Elles dessinent le cadre de ce «nouvel amour du vin» qui court dans le monde, de la Napa Valley à l’Australie en passant par la Rioja, le Chili, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et bien sûr la Chine. Elles suscitent des sensations, provoquent des émotions, aux femmes, aux hommes, juniors et seniors, qui découvrent cette civilisation du vin, le verre dans le verre».

«Wine by design –
L’architecture au service du vin»,
textes Philippe Chaix, photos Guillaume de Laubier,
Editions Flammarion, 197 pages

Et comme l’espérance est violente

L’enfance et l’adolescence à la montagne, dans un Valais encore dominé par l’Eglise catholique, puis l’arrivée à Genève, à 20 ans, et la découverte d’une autre vie, celle qui se déploie dans une ville marquée à la fois par sa tradition protestante et son ouverture internationale. A 82 ans, le sociologue Bernard Crettaz a voulu faire le bilan. Il s’interroge, l’esprit libre, sur ses origines, ses croyances, son renoncement à devenir prêtre, ses engagements politiques, ainsi que sur les grands thèmes philosophiques – l’identité, le rapport aux autres, la mort, le sens de la vie – qui ont alimenté sa réflexion. Intitulé «Comme l’espérance est violente – Confessions intimes d’un sociologue», le livre est d’une rare sincérité et d’une grande profondeur, posant finalement plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
«Je viens d’une société montagnarde et paysanne envers laquelle j’ai une dette incroyable, explique Bernard Crettaz. Ma vie entière et mon travail, de la vie en ville jusqu’aux Cafés Mortels, sont nourris par l’héritage reçu. Mon Val d’Anniviers, aux moments difficiles des années de l’avant et de l’après-guerre, connaît une crise économique et culturelle grave, un vieux monde se décompose en éparpillant des «restes» propices à de nouveaux «bricolages» – c’est le souvenir que j’en garde. Restes et bricolages marqueront toutes mes recherches de sociologue».

«Et comme l’espérance est violente –
Confessions intimes d’un sociologue»,
par Bernard Crettaz et Marcia Tschopp-Crettaz,
Editions Monographic, 136 pages