Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

La contribution à la beauté du monde des post-boomers est plutôt mince dans les domaines de la culture et de l’art; en fait elle est nulle!

Ce n’est plus OK Corral, mais OK boomer, et c’est d’une tout autre fusillade qu’il s’agit. Les boomers sont nés entre 1945 et 1960, une génération qui a atteint l’âge de la retraite ou va prochainement l’atteindre, mais qui est encore aux postes clefs. Bref, les presque vieux du troisième âge, les nombreux has-beens dépassés par les générations nouvelles, X, Y ou Z. On se demande d’ailleurs comment nommer la génération qui suivra les Z…
L’expression OK boomer popularisée dès 2019, qu’on rencontre sur les réseaux pour se gausser de la génération des baby-boomers, traduit la fracture générationnelle, surtout autour de la question climatique. Le boomer, peu enclin à l’éco-anxiété et imperméable à la rhétorique de l’effondrement, ne croit pas trop au péril climatique et entend rester le plus longtemps possible dans le monde qui fut le sien. L’ancien soixante-huitard est un rêveur, et tout ce qu’il pense serait l’expression d’un rêve!
Ouf! Je ne fais pas partie de cette génération de boomers mais je me demande pourquoi les suivantes se croient autorisées à pareille critique. Qu’ont-elles apporté? Une pensée couturée d’idéologie et de bien-pensance, à mille lieues des critiques et des analyses de leurs aînés; le sentiment de refaire le monde dans de vieux chaudrons; un nouveau puritanisme; le langage inclusif stupide; la promotion du wokisme et de la cancel cuture comme le font les professionnels de la victimisation ou comme Rama Yade (ancienne secrétaire d’Etat) qui se déclare victime d’une «micro-agression» chaque fois qu’elle passe devant une statue de Colbert. Une micro-agression? Quel micro-drame!
La contribution à la beauté du monde des post-boomers est plutôt mince dans les domaines de la culture et de l’art; en fait elle est nulle! Mais ce conflit des générations serait du dernier ridicule s’il ne trahissait autre chose de plus profond: sitôt qu’une conversation sérieuse s’engage entre boomers et post-boomers X, Y, Z, ces derniers sont le plus souvent dépassés et ne peuvent rétorquer que par l’interjection «OK boomer!».