Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

L’école, si elle faisait son travail, serait capable de former correctement l’intelligence des jeunes qui lui sont confiés.

Pour me faire une idée plus précise, je suis donc allé voir sur place! Au fin fond de l’interminable vallée de Conches, un camp de scouts qui s’étend le long de la route cantonale sur des kilomètres, une forêt de tentes, de cantines, de terrains de jeux, de drapeaux, de mâts. On aurait dit Paléo, mais trente fois plus grand, plus impressionnant. On imagine la logistique nécessaire pour ce gigantesque rassemblement!

Je voulais comprendre ce qui poussait une pareille jeunesse à se retrouver, ensemble, sous le commandement de chefs, pour partager des valeurs que bien des jeunes et des moins jeunes tiennent pour ringardes. L’honneur, la loyauté, le dépassement de soi, l’amitié, la débrouillardise, l’aide à autrui, la parole donnée, le patriotisme… toutes choses qui ne sont pas sans rappeler l’idéal de l’armée. A l’heure d’Internet et des jeux vidéo, à l’heure du gaspillage de tout ce qui compte, on se demande ce qui peut séduire encore dans une activité qui entend se rapprocher de valeurs moins techniques et plus simples. Serrer les dents en cas de difficulté, réduire ses besoins, obéir à plus compétent que soi construisent l’âme et le corps; et c’est dans ce goût pour ce qui est fondamental qu’il faut sans doute rechercher l’attrait qu’exerce cette manière de vivre sur de jeunes esprits.

L’âme humaine est composée de l’intelligence et de la volonté; ces deux facultés possèdent deux accomplissements spécifiques. L’école, si elle faisait son travail, serait capable de former correctement l’intelligence des jeunes qui lui sont confiés; en revanche, elle est passablement impuissante à former la volonté. Or la volonté joue un rôle central dans la vie parce que c’est justement elle qui dirige l’intelligence. Le sport (trop peu présent à l’école) est capable d’apporter cette formation-là, le scoutisme aussi. Une volonté mesurée assure la maîtrise de soi et celle du monde, et je crois comprendre que c’est cette valeur-là que des jeunes viennent rechercher jusqu’au creux torride de l’été.