Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
Les anges gardiens
Les anges participent à
l’œuvre du gouvernement
divin. Dieu fait donc coopérer
les créatures à Sa finalité.
«Ben, j’ai eu de la chance; heureusement que mon ange gardien veillait au grain!», disent régulièrement ceux qui ont passé à deux doigts de la catastrophe. Les anges gardiens! Ils sont là, chacun peut compter sur le sien, veilleur infatigable au service de l’individu. Moi, je crois aux anges gardiens, héritage d’une heureuse tradition chrétienne.
Mais alors, une question surgit d’elle-même: puisque Dieu est partout et qu’Il est tout-puissant, pourquoi ne se charge-t-Il pas Lui-même de cette tâche de protéger les êtres humains, plutôt que de la déléguer à l’armée de anges? Hum! La réponse semble être que Dieu est plus grand lorsqu’Il fait participer les créatures à l’élévation d’autrui. Tout comme un homme contribue à la gloire de Dieu lorsqu’il soutient son prochain dans l’adversité, ces gardiens célestes participent à l’œuvre du gouvernement divin. Dieu fait donc coopérer les créatures à Sa finalité; elles Le secondent sans toutefois Le remplacer.
Chaque personne peut ainsi compter sur son ange gardien individuel, signe de sa propre dignité. J’aime cette figure de l’ange gardien, car c’est là une manière de mettre en relief la grandeur de la personne, même la plus modeste, même la moins chrétienne, même la plus athée. Par l’ange, la tradition chrétienne affirme l’égalité de tous les frères humains, car il ne s’agit pas seulement de les protéger des malheurs divers, mais de les guider sur le chemin. L’ange gardien n’abandonne jamais personne et même les pires crapules, les vrais malfaisants, les parfaits salauds sont accompagnés. Nul n’est délaissé.
Cette tradition d’accompagnement est ancrée dans le christianisme séculaire et sans doute ainsi dans une conception de l’amour du prochain. Mais elle semble un peu naïve par rapport à la réalité des êtres humains et des horreurs qui leur sont réservées aux quatre coins du monde; on peut dire qu’une veine de candeur, voire qu’un léger infantilisme traverse cette représentation du destin. On peut en sourire car, effectivement, il s’agit d’une vision angélique!