Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
Le self-made man
L’homme normal n’est pas celui qui prononce une formule magique pour faire surgir l’irréel, mais celui qui prend la responsabilité de devenir par ses actes un homme bien.
Le mythe américain de l’homme qui se fait lui-même se fonde sur une idée simple: les comportements humains ne tiennent ni de l’instinct ni de la nature humaine, mais de l’acquis et de l’éducation qui est donnée aux individus. Cette version de Watson (penseur de la psychologie du comportement) a trouvé dans la théorie de genre une nouvelle application délirante: quel que soit son sexe biologique de naissance, il est possible de modeler l’identité sexuelle de l’enfant! On y remplace le sexe, inamovible et rigide, par le genre, malléable et ductile. Le corps biologique n’est pas important dans l’histoire, reliquat antédiluvien du patriarcat et du virilisme; c’est le ressenti qui compte, et la biologie est une ennemie du genre, car la biologie affirme qu’il existe une réalité qui précède toute affirmation subjective, puisqu’il suffirait de se déclarer homme ou femme pour l’être.
Nous voilà plongés au cœur de la problématique, celle des trois D: déni, délit, délire!
1. Le self-made man dénie au corps tout pouvoir déterminant, il nie ce déterminisme génétique qui est un obstacle à la «transaffirmation» de soi.
2. Se risquer à un doute, discuter de ce phénomène, voire donner des conférences universitaires à ce sujet, est un délit passible de plaintes, de condamnations diverses, de violences parfois.
3. On aboutit ainsi à des assertions délirantes comme «Les hommes peuvent être enceints», sans que cela choque des activistes qui détestent Van Gogh et vivent sur une planète irréelle.
Or l’homme qui se fait lui-même est une chimère. L’homme normal n’est pas celui qui prononce une formule magique pour faire surgir l’irréel, mais celui qui prend la responsabilité de devenir par ses actes un homme bien. «Deviens celui que tu es», préconisaient sagement les moralistes antiques. Cela le plus souvent d’ailleurs avec le concours de ceux qui nous entourent et jouent ainsi le rôle de révélateurs de nous-mêmes. Comme sur le papier photographique de la chambre noire, c’est le révélateur qui fait apparaître peu à peu une image déjà inscrite sur le papier.