Le postulat d’Asante

Molefi Kete Asante, né en 1942 en Géorgie, est un professeur et philosophe noir américain. Il a publié de nombreux ouvrages. Son postulat, plutôt simpliste, prétend que l’objectivité n’existe pas, mais qu’elle n’est en réalité qu’une subjectivité collective. C’est l’union de ces subjectivités qui crée l’impression d’objectivité, l’existence d’un monde en soi qui persisterait indépendamment de la perception que les hommes s’en font.
Le wokisme a développé une série de théories sur l’affirmation que l’objectivité n’existe pas. Il parle même de «tyrannie de l’objectivité», imposée par une majorité blanche, coloniale et machiste, qui permet aux Blancs, aveugles à la race, de se considérer comme les modèles de l’homme universel. Or la raison est mâle et genrée! Il convient de mettre en question les idéaux rationnels, car toute position rationnelle est une position de domination et d’oppression.
Qu’une bande d’illuminés pense que la raison n’est pas une alliée mais une adversaire, que toute logique est dominatrice comme l’on affirmé les pertubateurs des conférences à l’UniGe, cela a peu d’importance, mais cette conception se glisse dans les Universités américaines, chez nous, dans nos écoles. Il faut dire que le terrain a été préparé de longue date par les rafales de réformes scolaires, dont les dernières sont la réforme de l’orthographe, l’écriture inclusive, la théorie du genre, les quotas, et toutes ces fadaises qu’on présente comme nécessaires à la modernité.
Asante a écrit 70 ouvrages qui l’ont propulsé en tête de la réflexion sur l’Afrocentrisme. Sa critique de l’objectivité a été pour de nombreux acteurs américains – qui auraient mieux fait de lire Kant – une révélation. Elle aboutit actuellement à un assaut massif contre l’enseignement scientifique, à une démolition qui consiste à «dégenrer les mathématiques» et qui vise la loi, elle aussi issue du rationalisme. Si nous laissons avancer cette déconstruction des sciences, des humanités et des lois, si nous déroulons le tapis rouge à ce massacre de la transmission, nous signons la mort de notre civilisation.