Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
Le carrousel de la sottise
Dès qu’une idée respectable
surgit, elle devient absurde au
moment où on la pousse à
l’extrême.
La PETA est une organisation végane qui ne manque pas d’imagination pour nous ancrer dans un monde parfaitement débile. La PETA? Une association qui affirme que les animaux ne nous appartiennent pas et que nous n’avons pas à les utiliser pour nos expérimentations, notre nourriture, nos vêtements ou nos divertissements, ni à leur faire subir la moindre autre forme de maltraitance. C’est un point de vue.
Mais elle se lance régulièrement dans des combats surréalistes: on se rappelle le pistolet à eau offert à Willy Schraen, président des chasseurs de France; la campagne sur le viol des vaches ou celle appelant les femmes à faire la grève du sexe; les pierres tombales qu’elle veut installer là où des animaux sont morts. Et les slogans: la pêche, loisir cruel; être végan c’est trop génial.
Maintenant attention et revenez sur votre conviction qu’on est tombés sur la tête: la PETA a envoyé un courrier au p.-d.g. de «Chance Rides», le plus grand fabricant américain de manèges. Elle demande que l’entreprise mette fin à la production de carrousels fondés sur le thème des animaux. Figurez-vous que ce type de carrousel «normalise l’utilisation des animaux comme moyen de transport et de divertissement». Donc fini les tigres, les chevaux, les éléphants en bois sur lesquels grimpent les bambins. Ne mettons pas dans les têtes blondes la conviction qu’on peut se déplacer à dos de lion ou de girafe! On rit de consternation. D’autant qu’on devrait, pour le bien-être des animaux, installer selon elle à la place des chevaux de bois des voitures, des autobus, des bulldozers, des avions, bref autant d’engins évidemment non polluants…
Dès qu’une idée respectable surgit, comme vouloir éviter toute souffrance inutile à tout être vivant, elle devient absurde au moment où on la pousse à l’extrême. Or la surenchère est devenue le moyen d’attirer les médias et donc de se faire connaître. Mais cet hyperlatif dénature autant les espoirs que les idées elles-mêmes et bloque par réaction ce qui pourrait se révéler un progrès décisif.