Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
La vérité alternative
La vérité alternative,
c’est la négation
de tout débat.
Lorsque le relativisme est poussé jusqu’au bout, cette surenchère fait apparaître la notion de vérité alternative. Ce concept signifie que la vérité, même prouvée scientifiquement, même vérifiée objectivement, n’est pas la vérité, qu’il en existe une autre occultée par les élites, le système, les médias et les réseaux sociaux. La vérité alternative, c’est la négation de tout débat.
Cette vision des choses bouleverse notre époque, parce qu’on a pensé un moment que l’excès de relativisme (la vérité dépend de chacun de nous, de son propre ressenti; elle est donc subjective) marquait l’entrée dans un nouveau relativisme. Or tel n’est pas le cas, car cet excès conduit vers un insupportable flou: si plusieurs vérités sont toutes également vraies, et qu’on peut passer de l’une à l’autre au gré de son humeur ou de ses sensations, le flou règne et il règne particulièrement sur l’identité, en proie à la métamorphose permanente. L’au-delà du relativisme a fait naître une nouvelle orthodoxie, une sorte de dogmatisme, celui que nous connaissons aujourd’hui. Il ne s’agit plus de discuter, ni de permettre à l’autre un espace dans lequel il peut évoluer au gré de sa liberté; il s’agit d’imposer des diktats.
Or imposer sa vision de culture victimaire, qui présente tout conflit sous l’angle d’une oppression, dénier le droit au dialogue parce que le raisonnement est l’apanage même de l’oppresseur, comme cela s’est passé récemment dans nos Universités, consiste en fait à défigurer la réalité humaine. Tous ces totalitaires, tous ces groupes militants qui se proclament benoîtement «inclusifs» le sont seulement avec les gens qui sont parfaitement d’accord avec eux, c’est-à-dire totalitaires. Cette idéologie de combat qui n’a que faire de la réalité entend remodeler la société de fond en comble. Il s’agit d’une minorité très agissante, qui impose à la majorité du peuple, terriblement passive ou alors en état de sidération, son ambition de «faire bouger les choses» en accroissant sa propre influence.