Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
La rose, le lys et l’orchidée
La mère ne se fond pas dans
le groupe de «ceux qu’on
aime», elle est à part; même
absente, elle est unique parce
que mystérieuse.
Le lien qui unit tout enfant à sa mère est, chacun le sait, un lien très puissant: les enfants sont le fruit des femmes et pas des hommes. C’est un lien tellement fort que plus de 120 pays ont décidé de lui consacrer une fête particulière, la fête des Mères justement. Il ne s’agit pas de la fête des parents, ni de celle des pères, ni de celle de la famille, de celle – inévitablement inklusiv – «des gens qu’on aime», il s’agit de souligner ce lien essentiel, qui est en plus celui du paradis perdu de l’enfance. En Suisse, cette fête est célébrée le deuxième dimanche de mai.
Bien sûr, il existe une minorité d’enfants qui ont perdu leur mère, qui ne l’on jamais connue et pour qui ce jour est une souffrance parce qu’un rappel douloureux. Ce sont des cas sensibles dont il faut tenir compte dans les écoles comme dans les familles. Les associer n’est pas toujours facile. Cependant ce n’est pas sur eux qu’il faut se régler.
Ce qui domine ce jour-là est le sentiment de gratitude, cette capacité que possède un individu à reconnaître la valeur d’un bienfait. A la reconnaître et aussi à dire merci pour ce qui lui a été donné, en l’occurrence la vie. La rose est la fleur de l’amour qui remercie tendrement. «Avec ma mère, je n’avais qu’à être ce que j’étais, avec mes angoisses, mes pauvres faiblesses, mes misères du corps et de l’âme. Elle ne m’aimait pas moins. Amour de ma mère, à nul autre pareil», écrit Albert Cohen. Mais c’est le lys qui accède à la symbolique de l’absolu de l’amour maternel, sans doute en raison de sa connotation religieuse. «Elle était le lys de cette vallée», assure Balzac. Et la passion suprême est révélée par l’orchidée, qui incarne la dimension spirituelle de la relation. Trois fleurs qui indiquent le chemin vers le sommet: tendresse, religiosité, spiritualité. C’est autour de ces trois dimensions que s’organise cette fête des Mères que notre civilisation, tout comme d’autres d’ailleurs, doit conserver. La mère ne se fond pas dans le groupe de «ceux qu’on aime», elle est à part; même absente, elle est unique parce que mystérieuse.