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Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

Là où le débat blesse

27 Sep 2023 | Les 4 vérités de Jean-Marc Vaudiau

Le vrai prosélytisme provient
du goutte-à-goutte que certains
profs engagés politiquement
ou syndicalement distillent
dans leur classe.

Il est curieux de renoncer aux quelques débats politiques équitables organisés dans les écoles. En effet, afin de familiariser les élèves aux institutions de notre démocratie, au lieu de le faire dans des cours casse-pieds et abstraits qui s’échelonnent poussivement tout au long d’une année scolaire, l’occasion des élections et de certaines votations semble offrir des moments décisifs. Les maîtres d’instruction civique et d’histoire peuvent profiter de ces rencontres pour expliquer et illustrer concrètement le fonctionnement de notre système politique. Les élèves voient in situ comment s’articulent nos rapports de force, y compris nos faiblesses. Ils s’équipent, en somme.
Or on craint le prosélytisme? Soyons sérieux! Le vrai prosélytisme, celui qui est efficace, provient du goutte-à-goutte que certains profs engagés politiquement ou syndicalement distillent dans leur classe, mais pas de ces occasions très cadrées et ponctuelles. C’est l’équité dans l’alternance des tours de parole qui assure la diversité des points de vue lors de ces débats. Qui plus est, avec certains politiciens plus cultivés et qui ont renoncé au bégaiement, c’est même à un petit cours de rhétorique auquel les élèves peuvent assister. Rêvons!
Au lieu de cela, l’école introduit en rafale des réformes de tous poils, plus indigentes les unes que les autres. Le wokisme omniprésent, l’écriture inclusive, la nouvelle orthographe, les derniers manuels de ceci ou de cela, les experts en vacuité, les projets insignifiants mais toujours «pédagogiques» évidemment, la bureaucratisation imbécile, l’approche par objectifs, les tablettes pour tous, les infinies réunions, les sorties, les options. Bref, l’école est la porte ouverte à tout ce qui divertit et elle s’est détournée de sa mission: transmettre le savoir.
Avec ces débats organisés dans les écoles, ce qu’on risque à long terme est de faire s’intéresser les plus jeunes à la vie de la cité, et peut-être même, grands dieux! à les faire participer aux votations qui d’ordinaire déclenchent chez eux un bâillement.