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Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

La corne du rhino

8 Fév 2023 | Les 4 vérités de Jean-Marc Vaudiau

Le mensonge finit par signer l’abandon de notre liberté
afin de préserver notre sécurité.

Notre société hypermédiatique fonctionne souvent sur le mode du mensonge obligatoire. Un mensonge obligatoire est une contre-vérité que tout le monde sait être un mensonge, mais que tous répercutent comme une vérité, parce que c’est leur intérêt. En effet, prendre le contre-pied expose qui s’y risquerait aux pires ennuis: l’Etat, le système médiatique, telle association, tel service vont se mettre à le persécuter, à lui chercher noise. Devant la menace de lynchage, voire pire, autant répéter le mensonge! Il vaut toujours mieux rejoindre la meute pour ne pas en être victime, et remplacer «Noël» par «la période des fêtes»! L’hypocrisie est un vice à la mode.
Par exemple, tout le monde sait que l’immigration massive est une vraie calamité pour l’Europe, une catastrophe, mais ce même troupeau docile répète, en psalmodiant le missel de la phraséologie douteuse, que c’est une chance et que la mixité est une richesse.
Mais alors pourquoi ne pas se taire simplement, rester muet? Dans la pièce de Ionesco, «Rhinocéros», la transformation en animal grégaire touche ceux qui entendent s’inscrire dans le sillage de la foule, transformant ainsi l’humain en monstruosité. Une des caractéristiques du rhinocéros est qu’il n’a pas besoin de connaître ce que pensent les autres pour se joindre à eux, il lui suffit de repérer leur corne. Ne rien dire serait une faute: renoncer à reconnaître la corne, se mettre à part du troupeau des belles âmes, revendiquer une autonomie en marge de la standardisation morale. Bref, vivre!
Le mensonge finit par signer l’abandon de notre liberté afin de préserver notre sécurité. L’œuvre et l’action d’Alexandre Soljenitsyne ont été une rébellion contre le mensonge, contre le mensonge communiste évidemment, mais aussi contre le mensonge dont s’accommodait l’Occident. Il a su pointer, lui le Russe, la lâcheté de notre Occident. Au-delà des péripéties, il faut retenir une ligne de force: on ne peut pas vivre dans le mensonge, car quelque chose d’humain se désagrège alors en nous. Nous perdons une part d’humanité. Tout comme le rhino!