Jeunismepointcom

Réclamer le droit au respect est une bonne chose. Respecter soi-même ce qu’on réclame en est une meilleure. Cet élève s’insurge contre le fait que son professeur ne le respecte pas, au motif qu’il n’a pas voulu prendre en compte l’excuse de son absence: il n’a pas pu venir aux cours parce qu’il est resté endormi. Le prof, faisant montre d’un irrespect inouï, a balayé ce qui n’est pas une excuse, mais au mieux une raison.
Accepter pareille excuse serait promouvoir l’irresponsabilité. Faire allégeance au jeunisme serait parier sur l’impunité. Or l’énigme n’est pas tant qu’il y ait une mutation de la notion de responsabilité, mais que cette mutation soit désirée et non subie. Nous sommes fatigués d’être nous. L’être humain occidental en a assez du fardeau de l’humain: l’opposition des sexes, le poids des différences, la séparation entre l’enfant et l’adulte, les frontières, tout cela, notre société n’en veut plus. Trop lourd et trop encombrant! Il faut en finir avec tout ce fatras et, au passage, on en termine aussi avec le langage discriminateur qui sert les élites bourgeoises judéo-chrétiennes. Vive le langage inclusif, simplifié, place au jeunisme qui est moderne, ouvert, attaché au monde formidable qui vient, festif, amusant, débarrassé de la responsabilité et du poids de devoir répondre de ses actes. On ne porte pas trop le masque de protection, on va danser comme on veut jusqu’au bout de la nuit; on n’a jamais lu de romans de Céline, mais on n’entend pas se faire vacciner parce qu’on a bien le droit de faire ce qu’on veut, de vivre comme on l’entend. Et merde à Vauban!
La terreur douce dans laquelle nous sommes engagés rend impossible l’expression frontale d’un désaccord, parce qu’on apparaît immédiatement comme un réactionnaire, un «vieux con», un mâle blanc hétérosexuel et âgé! Autant dire un dinosaure d’un monde muséal.
Moi, qui ne suis pourtant pas si âgé, j’aime bien ce professeur qui va se faire réprimander par sa hiérarchie parce qu’il a refusé à un élève une excuse qui n’en est pas une! C’est un héros d’aujourd’hui.