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Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

Il n’y a pas de miracle!

6 Juil 2022 | Les 4 vérités de Jean-Marc Vaudiau

«Le plus étonnant avec les miracles, c’est qu’il se produisent».

G.K.Chesterton

On ne peut pas repousser d’un revers de main tous ces témoignages qui parlent de miracles. Quelqu’un me confiait récemment que, pour lui, le miracle s’était produit sur le chemin de Compostelle, la rencontre. Il est vrai que si le miracle s’apparente à un tour de magie, la chose est plutôt risible. Mais il s’apparente d’abord à une conversion du cœur, c’est-à-dire à un retournement inattendu de l’ordre des choses. Il s’agit originellement de revenir sur ses pas, de faire marche arrière, de se retourner sur soi. Le vrai miracle réside dans ce retour, provoqué par un événement. Par exemple, Paul Claudel a éprouvé une sorte d’illumination: en participant aux offices de Noël à Notre-Dame de Paris, l’homme de lettres a rencontré Dieu.
Nombreux sont les miracles dans les religions, qui ne se privent pas d’en faire état. Le Vatican, de son côté, reste très prudent. L’improbable semble rare. Est-il pour autant à reléguer dans la liste des cas non encore élucidés par les connaissances humaines actuelles? Mais tous les miracles ne sont pas de l’ordre de la guérison somatique. Les vrais miracles provoquent des guérisons plus spirituelles que physiques. L’âme humaine touche quelque chose d’essentiel lors d’un pareil événement. Il faut souligner l’importance du geste de toucher, non seulement symboliquement mais physiquement. J’ai vu des gens défiler devant tel tombeau de saint et au passage poser la main sur la pierre comme si quelque chose pouvait passer du corps de l’un vers celui des autres. Cette caresse silencieuse de la tombe établit l’évidence d’une proximité.
Le miracle et le geste de toucher semblent indissociables. Il faut toucher du doigt pour croire, tant le tactile est un sens premier. En effet, sauf pour le toucher, les animaux surpassent l’homme dans la vue, l’ouïe, l’odorat ou le goût; mais chez l’homme, le toucher est incomparable. Ainsi cette simplicité du geste semble vouloir faire barrage à notre tendance à être compliqués et préoccupés. Se retourner vers soi, c’est d’abord toucher et être touché.