Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
I had a dream!
«L’âge d’or de l’Amérique
commence à l’instant!»
On verra bien la direction que le nouveau gouvernement américain prendra ces prochains mois, ce qu’il apportera et ce qu’il manquera. Mais on doit admettre que les tout premiers mots du président Trump, le jour de son investiture, ont eu de quoi sidérer le monde: «L’âge d’or de l’Amérique commence à l’instant!». Il faut admettre que cela tranche dans un milieu où la parole est sanitairement contrôlée, où les orateurs se parlent entre eux mais ne parlent plus aux peuples.
Les clameurs des opposants et les moqueries ont cessé immédiatement. Ces mots ont d’emblée touché les esprits et les cœurs des Américains, et ils leur ont donné l’impression qu’ils entraient à nouveau dans la grande histoire.
Nous sommes habitués aux discours formatés par les conseillers en communication qui, à force de rechercher le mot juste, finissent par trouver le mot terne. Les fameux «éléments de langage» qu’on apprend par cœur dans tous les ministères, dans toutes les administrations, sont insipides parce qu’ils sont créés pour s’inscrire dans la logorrhée chronique de nos platitudes.
Or les mots qui explosent dans le cœur des peuples sont ceux en phase avec les événements et qui sont prémonitoires. Ils viennent des entrailles de l’orateur et non pas des lampes de travail. «Ich bin ein Berliner», «I had a dream», «Vive le Québec libre!»: ces phrases tranchantes sont restées vivantes parce qu’elles s’inscrivaient directement dans le sens d’une promesse qui rencontrait la légende des Nations.
Mais les mots qui font mouche ne sont pas si nombreux. En effet, la plupart des phrases ne changent pas l’histoire, elles demeurent à sa superficie avant de disparaître dans l’océan de la médiocrité. Particulièrement à l’heure du Wokistan, de «cellezéceux», de «toutezétous» et du laminoir sémantique. Il est vrai que les mots ne sont pas les choses, mais cela est moins vrai en politique, où il a suffi parfois d’une injonction forte pour mettre un peuple en marche vers son destin: «Carthago delenda est».