Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
Grosse lassitude
Les médias, à quelques exceptions près, écartent ce qui n’entre pas dans le ligne déformée qu’ils poursuivent.
On a appris durant l’été la tendance globale à l’épuisement informationnel, provoqué par une surinformation médiatique. Le public se détourne des médias et des nouvelles, médias où le pire est toujours certain: Covid-19, guerres, catastrophes naturelles, crise climatique, revendications LGBTIQ+, insupportable militantisme du genre, minorités données en exemple; le public se lasse de cette concurrence victimaire car on le prend pour plus bête qu’il n’est.
Il se détourne donc des médias, il évite les informations, ne suit plus les journaux télévisés ni radiophoniques, parce qu’il n’y trouve que des drames en rafale et parce que l’exposé des faits a été remplacé par les commentaires moralisateurs de journalistes ou d’experts qui lui expliquent comment il faut vivre, ce qu’il faut penser. Ainsi, se détourner des médias apparaît comme une action salutaire: les gens évitent les informations, soit parce qu’ils ont mieux à faire, soit parce que ça les déprime.
La crise que nous connaissons concerne précisément la négation de l’objectivité. Non pas dans le sens où objectif signifierait neutre, mais où il signifierait équilibré. Or les médias, à quelques exceptions près, écartent ce qui n’entre pas dans le ligne déformée qu’ils poursuivent: le régime du débat contradictoire, de la preuve, de l’étude scientifique est déconstruit. Cet effacement fait qu’on quitte le réel pour entrer dans le domaine partisan, c’est-à-dire dans le domaine qui prend ouvertement position pour telle ou telle partie. Et les attaques pleuvent sur les déviants insuffisamment «inclusifs».
Mais où s’informer pour se forger une opinion? Les réseaux sociaux subissent la même suspicion que les médias traditionnels. Trop d’informations biaisées; faire un tri dans cette infosphère tient de la gageure. C’est sans doute l’actuel défi des démocraties. Or on voit naître un peu partout une presse alternative, numérique ou sur papier, qui donne des lignes de forces. Sans doute, ce sera vers elle qu’il faudra se tourner pour retrouver une libre disposition de soi-même au milieu du bruit et de la fureur.