Et la vérité?

Socialement, toute affirmation vraie passe par trois étapes: dans un premier temps, on se moque d’elle, on la tourne en ridicule; dans un deuxième temps, on la combat, on la censure, on la déteste; et lors d’une troisième phase, on affirme qu’on y a toujours adhéré, et même bien avant tout le monde.
L’écrivain Renaud Camus, après avoir été militant de la cause homosexuelle et membre du parti socialiste français, a mis au point la fameuse conception du «grand remplacement» des peuples européens par des ethnies arrivées en masse par immigration. Sa position politique a peu à peu dérivé vers la droite dure, et il a même été condamné jadis pour incitation à la haine contre les musulmans. Quoi qu’il en soit, c’est une des figures détestées par la gauche.
La surprise arriva lorsque dans une émission télévisée de janvier 2025, Daniel Cohn-Bendit déclara en parlant de Mayotte qu’il fallait freiner l’immigration parce que «le grand remplacement» y était une vérité. Consternation dans le landerneau de gauche! Le gauchocrate numéro un de Mai 68 se décillait! Son erreur fut sans doute d’avoir utilisé les termes mêmes de Renaud Camus, plus que de constater la catastrophe en cours sur l’archipel, qui crève les yeux.
Il existe donc deux gauches: l’une, respectable, attachée à ses valeurs traditionnelles, qui ne se claquemure pas dans un déni de réalité et qui entend demeurer digne; une autre gauche, glauque, qui a fait de l’antisémitisme son levier électoral, de l’immigration massive le substitut d’un prolétariat qui a déserté ses rangs parce que peu enclin à la dictature, de la censure sa survie dans un monde qui se lézarde, et du mensonge sa tactique politique. Cette gauche est une plaie parce qu’elle ne contribue plus à trouver des solutions, parce qu’elle s’allie avec l’islamisme pour fait basculer le système et parce qu’elle déteste la République. Mais le comique de situation est qu’elle trouve encore des électeurs ankylosés par ses discours pour soutenir son action délétère.