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Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

Des hauts et des bas

24 Mai 2023 | Les 4 vérités de Jean-Marc Vaudiau

L’échec pousse à grandir et ce n’est pas là son moindre mérite, car il pousse aussi à l’humilité.

Tout apprentissage implique qu’on puisse se tromper, manquer des étapes, reprendre plus lentement, échouer parfois et recommencer. Tout ne va pas toujours de soi, et le succès immédiat n’est pas continuellement au rendez-vous. Il existe des hauts et des bas, des victoires et des défaites. Telle est la loi qui a accompagné dans l’histoire les joies et les déceptions des hommes qui veulent apprendre.
A l’école, les parents n’acceptent plus qu’il faille quelquefois échouer. L’échec n’est plus un élément ordinaire de la vie des gens ordinaires, mais il est devenu, dans l’imaginaire, une sorte de maladie qu’il faut soigner. On revendique le droit à la réussite dans une société qui accepte mal ce qui n’entre pas dans le moule fantasmé du «gagnant». Or l’échec pousse à grandir et ce n’est pas là son moindre mérite, car il pousse aussi à l’humilité. Qui n’a pas reçu une claque de la vie, qui ne l’a pas acceptée afin de réfléchir aux racines de cette situation douloureuse pour trouver de nouvelles solutions? L’échec pousse à l’innovation.

On apprend que les pédiatres reçoivent quantités d’enfants, dirigés par des parents impatients pour la plupart, qui consultent afin de trouver le remède qui assurera la réussite. Or s’il peut évidemment exister des causes médicales à l’échec scolaire, l’immense majorité des cas considère les revers comme une anomalie incompréhensible dans un environnement qui prône le «tout, tout de suite». On diagnostique ce qui passait, il n’y a pas si longtemps encore, pour le cours normal des vicissitudes du cursus scolaire, et on soigne ce qui ne ressortit pas nécessairement à la maladie. L’enseignement spécialisé est surchargé, puisque chaque cas nécessite une particularité. Cela augmente fortement le coût de l’école publique, ainsi que celui des caisses maladie. Et pour quel résultat? S’il est vrai que le Plan d’étude romand (PER) est irréalisable pour la plupart des élèves, s’il faut d’urgence le simplifier, il n’en demeure pas moins que l’apprentissage normal de la vie doit passer par des bas pour atteindre les hauts.