Déconstruction, toute!

«Les mots sont comme les gens, écrit Christian Bobin, leur manière de venir à nous en dit long sur leurs intentions». Or il est un mot qui vient à nous avec la régularité d’un métronome, il est dans toutes les bouches et son intention est claire: la déconstruction. Ce mot est: «inclusif». Certes, il a des allures généreuses et peut ainsi gruger les dupes tant il est partout intégré à la langue de bois contemporaine avec un art consommé de la bigoterie. Se présenter comme «inclusif», c’est signifier à ses adversaires qu’il sont «exclusifs». Et comme le mot est utilisé à toutes les sauces, il s’agit d’une célébration rituelle de l’exclusion; la dictature des minorités qui tente d’exclure les majorités à la faveur d’intimidations rhétoriques.
Dans un récent tweet, les jeunes Verts écrivent: «Il est inacceptable qu’en 2023, la vie quotidienne en Suisse soit encore régie par l’Eglise chrétienne. Il est temps de mettre en place un système de jours fériés flexibles qui permette une société plus inclusive». On veut donc renoncer à notre histoire, à nos marqueurs du temps annuel, à nos rythmes, pour inclure la temporalité des minorités allogènes qui vivent chez nous… et qui y vivent fort bien. Le délire inclusiviste! A telle enseigne d’ailleurs que des voix musulmanes se sont élevées pour repousser cette proposition qui leur paraît saugrenue. Pas si bêtes! Proposer un mélange des fêtes afin d’assurer à chacun une place est justement le moyen le plus sûr d’effacer les particularités, de les déconstruire. Vivre dans le respect de tous n’est pas diluer les identités de chacun, ni supprimer les frontières, ni effacer les repères!
Le mot «inclusif» sert à combattre une ségrégation chimérique que personne ne soutient dans la réalité et qu’aucune théorie ne professe. Il est le cheval de Troie, terriblement efficace, de la déconstruction. Cette dérive idéologique n’est pas immédiatement perceptible à qui n’y est pas attentif: elle se présente sourire aux lèvres et main tendue, mais c’est pour mieux nous détruire.