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Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

C’est une poupée qui fait non, non, non!

2 Mar 2022 | Les 4 vérités de Jean-Marc Vaudiau

Priver un corps de son visage et de son expression propre, c’est ôter l’humain du personnage.

L’affaire a éclaté au début février de cette année: à Roubaix, un magasin vend des poupées sans visage. Il s’agit de plaire à l’islam rigoriste: la promotion de viande halal et celle de la poupée sans visage relèvent de la même stratégie marketing, satisfaire une demande. C’est un marché comme un autre, affirment certains, qui cible un groupe d’acheteurs précis, comme ce fut le cas du hidjab de sport commercialisé, puis retiré de la vente par Décathlon. En fait, les marques, soumises au marché, servent en réalité un fondamentalisme.
Or supprimer le visage est un signe abusif en Occident. On se souvient qu’en Suisse, le peuple a récemment accepté une loi interdisant de se dissimuler le visage sur la voie publique, car priver un corps de son visage et de son expression propre, c’est ôter l’humain du personnage. Le visage porte une identité, et symboliquement une poupée possède une identité humaine. J’ignore si une interprétation salafiste de l’islam affirme que regarder une image reviendrait à considérer le dessinateur comme un créateur au même titre que Dieu, et si le bon croyant devrait se plier à cet interdit. Il ne m’appartient pas de disserter avec les docteurs de la loi coranique, mais je tiens à affirmer que chez nous, ces poupées ne sont rien d’autre que la version transcontinentale du halal. Nous avons un visage que nous ne cachons pas, c’est notre relation à la personne qui nous fait face. Ce face à face est notre façon de vivre occidentale, et nous ne sommes pas disposés à y renoncer.
On a tort de traiter de «racisme» ou d’islamophobie – comme le font certains félons – la défense de nos principes essentiels, chèrement acquis au demeurant: laïcité, égalité homme-femme, démocratie républicaine, liberté. A moins de ne pas vouloir s’intégrer, auquel cas on se demande pourquoi ces fondamentalistes viennent sous nos climats, dans le domaine public, on se doit de respecter nos principes, car il n’est pas un espace dédié à telle ou telle communauté plus ou moins refermée sur ses habitudes, mais il est l’espace de tous.