Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

Le militantisme extrême est une célébration du monde à l’envers. Il s’agit de retourner l’ordre établi pour le balayer et le remplacer par un nouveau monde se fondant sur l’exact renversement des valeurs.

«Il suffit d’écouter ce que dit Mme Sandrine Rousseau (députée parisienne élue sur la liste d’Europe écologie-Les Verts) pour comprendre comment bouffonnerie et extrémisme font bon ménage. L’affirmation que le «travail est une valeur de droite», que le rire devra dorénavant être calibré pour ne jamais blesser personne ou l’épisode sur la virilité du barbecue sont des exemples amusants de la plaisanterie de ces propos. Ils sont légion, ceux qui militent pour telle ou telle cause en grossissant tellement le trait qu’on a l’impression d’être invité au carnaval.
Le carnaval? Le moment où le sérieux devient risible, le sacré profane, le dirigeant marionnette. L’instant du renversement des valeurs. A carnaval, le côté timbré prend le dessus, l’irrationnalité l’emporte sur la raison et, bien sûr, on en rit puisque c’est le monde à l’envers, c’est la parodie qui devient vie ordinaire.
Le militantisme extrême est une célébration du monde à l’envers. Il s’agit de retourner l’ordre établi pour le balayer et le remplacer par un nouveau monde se fondant sur l’exact renversement des valeurs. «Les mecs cis’, blancs, valides et boomers s’approprient tout le devant de la scène», entend-on. Il s’agit donc de les évacuer pour permettre à l’inverse d’occuper cette place. La bouffonnerie intégrale dans cette inversion des rôles! Ainsi, le plus souvent les coupables deviennent victimes et sont, comme à carnaval, les rois du monde à l’envers, à qui ne vient pas l’idée de limiter leurs prétentions.
Mais alors, de quel rire rit-on? Du rire de ceux qui prennent plaisir à la franche rigolade? Du rire que Dame Rousseau appelle de ses vœux? Dans cette quête d’un monde débarrassé d’à peu près tout ce qui peut le rendre chaleureux et humain, on va enfin aller vers l’égalité en s’attaquant au virilisme. Balivernes! Oui, la cible du rire peut se sentir humiliée; surtout si elle manque d’humour. Cherchant alors à dénoncer un trait d’esprit dont elle est l’objet, elle se prend les pieds dans son esprit de sérieux et finit, ridicule, en butte à une nouvelle raillerie.