
KOSMOS - La montre Tourbillon des Tourbillons fête ses dix ans
Le chef d’œuvre signé Antoine Preziuso Genève est intemporel
Comment vivrions-nous si le transistor, la base de l’électronique, n’avait pas été inventé? Simple: nos ordinateurs mécaniques seraient de vrais chefs-d’œuvre de complexité et de précision. Ces machines existent: ce sont les montres créées et réalisées à Genève par Antoine Preziuso et son fils, Florian, à force de passion, de patience et de persévérance. Leur Tourbillon des Tourbillons est une ode à la créativité humaine. Elle propose un mouvement exceptionnel enchâssé dans un boîtier d’or rose, blanc ou taillé dans une météorite. Ce calibre unique, protégé par trois brevets, fête ses dix ans.
Florian et Antoine Preziuso.
Alors que de nombreuses marques se concentrent sur leur design, rares sont les montres couvertes par des brevets internationaux. Au cours de la décennie consacrée au développement du Tourbillon des Tourbillons, Antoine et Florian Preziuso en ont déposé trois. C’est dire combien la conception de cette montre est innovante, aujourd’hui encore. A sa présentation en 2015, elle obtient d’emblée le Prix de l’innovation et le Prix du public au Grand Prix d’Horlogerie de Genève!
Si le prix de la complexité existait, peut-être le Tourbillon des Tourbillons l’aurait-il aussi obtenu. Pour cette montre exceptionnelle, ses concepteurs ont conçu un plateau qui porte 3 tourbillons, afin de garantir une précision maximale en toute situation. Jamais personne ne l’avait fait. Le Tourbillon des Tourbillons est une œuvre d’ingénierie avec ses 570 pièces, relève Florian Preziuso.
Navigateurs sans carte, mais avec la boussole de leur expérience et de leur instinct, Antoine et Florian Preziuso ont créé les rouages, engrenages, vis ou pièces nécessaires. Avançant en terrain nouveau, ils ont étendu le champ des connaissances, se fiant à leur expertise et leur intuition. «J’ai réalisé qu’avec 3 tourbillons, il pourrait y avoir un phénomène de résonance», raconte Florian Preziuso. Ses nombreuses simulations informatiques ne l’amenant à rien, il travaille directement sur des modèles physiques pour construire un différentiel qui synchronise les trois spirales, afin d’éviter les interférences.
Du rôle des tourbillons
Le tourbillon est une complication inventée au début du XIXe siècle, lorsque les montres étaient rangées dans la poche du gilet. En raison de leur position verticale dans le gousset, la gravité introduisait une irrégularité dans les battements de la mécanique. Avec un tourbillon, le mouvement travaille linéairement, au lieu d’osciller entre accélérations et ralentissements, et la montre gagne en précision.
Dans le cas du Tourbillon des Tourbillons, l’évocation du transistor n’est pas que rhétorique. Ce composant électronique est notamment un stabilisateur de tension et un modulateur de signal. Antoine et Florian Preziuso ont réussi à obtenir ces fonctions avec une base mécanique qui se présente comme une évolution du savoir-faire séculaire que des générations d’horlogers ont mûri et poli au fil des siècles.
«La haute horlogerie, c’est aussi une transmission du savoir. Florian a apporté un regard neuf et des idées techniques brillantes. Ensemble, nous avons repoussé les limites de ce qui était considéré comme possible dans l’horlogerie indépendante», témoigne Antoine Preziuso.
Un service éternel
Antoine Preziuso sait tout des montres anciennes, qui représentaient le nec plus ultra de la technique humaine et concentraient les technologies les plus avancées de chaque époque. Il les lit en passionné. «Quand j’ouvre une montre ancienne, je peux voir l’habileté de celui qui l’a faite, je devine les outils qu’il utilisait et jusqu’à la lumière dont il disposait», explique-t-il.
Dans deux siècles, il sera encore possible de réparer un Tourbillon des Tourbillons, s’enorgueillit Antoine Preziuso, car elle fait uniquement appel à des composants qu’un horloger formé et disposant des outils de sa profession peut manipuler. «Avec mes montres, vous avez un service après-vente international et éternel, du moins tant qu’il y aura des horlogers», s’amuse-t-il.
Et de raconter que, parfois, un client lui demande de remettre en état une montre récente, valant tout de même quelques dizaines de milliers de francs, après qu’une minuscule spirale en silicium a cassé. Si la pièce n’existe plus – et cela arrive – il faut recréer une série de quelques unités avant de parvenir au bon calibrage, à la précision exacte de forme et de dimension, au micron près. Qui voudra payer les milliers de francs de travail que cela représente? Autant dire que ce type de montre à la croisée du high-tech et de la tradition est irréparable, constate-t-il.
«Des livres d’histoire»
Le soin apporté par la manufacture Antoine Preziuso Genève au mouvement s’étend au boîtier de ces montres si particulières. De même que l’on a envoyé dans l’espace des satellites avec des pictogrammes présentant la terre aux civilisations vivant hors de notre système solaire, les boîtiers des Tourbillons des Tourbillons présentent l’ensemble des savoir-faire des orfèvres d’hier et d’aujourd’hui. Cela aussi sera lisible par les orfèvres du futur. Polissage goutte effectué avec du sureau du Jura (les sureaux étrangers n’offrent pas le même toucher), soleillage ou perlage rendent le Tourbillon des Tourbillons aussi beau sur sa face inférieure que sur sa face supérieure sur laquelle les trois tourbillons sont visibles.
Chaque Tourbillon des Tourbillons est entièrement produit à Genève par Antoine et Florian Preziuso. Il faut six à huit mois pour produire une montre. «Nos pièces sont des livres d’histoire, prisées par des clients passionnés d’Art et de pièces exclusives», souligne Antoine Preziuso. Parce que l’horlogerie, ce n’est pas seulement mesurer le temps, c’est aussi le sublimer, il y a encore place entre l’ordinateur et le satellite pour la mécanique portée à son apogée par la marque Antoine Preziuso Genève.