L’arbre inconnu

Quel monument pour se souvenir du dernier feuillu? Ce miracle de la nature qui nous offre ses fruits et son ombrage. Auprès de mon arbre, je vivais heureux, chantait le poète moustachu sous le soleil des nuages. Imparfait ou passé simple, vendu pas cher, pour un avenir charpente et parquet; reste la sève du regret.
L’arbre migrant, en quête de calme après l’orage, ne reviendra plus en terre d’esprits arides. Pas d’eau, pas d’arbre, pas de pâte à papier; la plume à encre du poète, faute de support, ne s’exprime plus. Les mots pour dire le bonheur s’envolent vers le ciel, les étoiles, l’éternité.
Le discours sur la spirale des galaxies enthousiasme les académies. L’arbre inconnu se met à rêver; il réfléchit: dans mon bois, on taille des manches de hache. C’est quand même étrange de laisser faire. Un jour, il faudra bien se défendre et réagir. Tiens, il me vient l’envie de pousser à l’envers.

Pécub
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