Un paysage riant.

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LA fête des maires - René Schneuwly, Syndic de Granges-Paccot/FR

«Une petite commune qui a tout d’une grande!»

27 Sep 2023 | Articles de Une

Aux portes de la ville de Fribourg, en direction de Morat, 3900 habitants vivent dans une certaine quiétude: ils habitent Granges-Paccot, commune à laquelle ils sont, semble-t-il, forts attachés, en refusant à 85% il y a deux années une fusion avec les communes environnantes. A la tête de ce petit paradis communal depuis 32 ans – un record fribourgeois et, peut-être, bientôt suisse –, son Syndic René Schneuwly, qui y est installé depuis 1957, nous parle de Granges-Paccot et de son avenir.

– Comment a commencé votre engagement en politique communale?
– C’est en 1986 que j’ai été élu à la Commission financière de la commune de Granges-Paccot. A la suite de la démission d’une conseillère communale, j’ai été abordé pour lui succéder par le Syndic d’alors. J’ai été élu tacitement et en 1991 mes pairs m’ont désigné en qualité de Syndic, fonction que j’occupe depuis plus de 32 ans. C’est un record pour le canton de Fribourg et cela pourrait bientôt l’être, à ma connaissance, au niveau suisse, en cas de désistement, l’année prochaine, d’un très ancien Syndic haut-valaisan! Je n’ai pas cherché ce record.

– Pourquoi cette longévité exceptionnelle?
– Je ne suis pas né à Granges-Paccot, mais j’y vis depuis 1957 et c’est d’abord le fait de rendre service à la population de mon village qui me motive. Ensuite par intérêt pour l’Exécutif, l’autorité qui traite les dossiers, qui réalise des projets concrets. Je préside aussi le Comité de l’Agglomération de Fribourg, qui est aussi un organe exécutif. J’ai choisi finalement la politique communale, étant moins attiré par les législatifs. Pour le reste, ce sont des questions d’opportunité et de choix de vie. J’exerce la profession d’avocat et j’ai toujours tenu à conserver mon indépendance à côté de l’exercice d’une fonction publique.

– Comment se porte Granges-Paccot aujourd’hui?
– Elle se porte bien. Elle a la réputation d’être une commune «riche». Cette richesse vient d’un cumul de facteurs: beaucoup d’opérations immobilières qui entraînent la perception de certains droits, une imposition des sociétés assez rentable. On a maintenant un peu plus de peine à équilibrer le budget en raison du fait que certaines personnes morales étrangères quittent le territoire de l’agglomération de Fribourg, respectivement réalisent, ces dernières années, des chiffres d’affaires moins intéressants. Mais d’une manière générale et sous l’angle financier, la commune se porte bien. Sa population est satisfaite même si – c’est inévitable – il y a, sur la plan individuel, certaines critiques.

– Quelle est l’évolution démographique de la commune?
– La population a fortement augmenté durant ces quinze dernières années, passant de 2000 habitants à près de 3900, au gré d’une bonne utilisation du territoire communal et des zones à bâtir, principalement dans le secteur du Plateau d’Agy, qui se situe aux portes de la ville de Fribourg. Plusieurs complexes d’habitation y ont été réalisés. Aujourd’hui, la population est toujours en légère augmentation, mais plutôt en mode de stagnation, ce qui est aussi ressenti au niveau de toute l’agglomération de Fribourg.

– Quelles sont les raisons de cette stagnation démographique?
– Cela est lié en partie aux nouvelles dispositions de la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire et du Plan directeur cantonal, ainsi que des plans d’aménagement locaux, qui ont introduit de nouvelles règles pour calculer le besoin en zones à bâtir. Ces nouvelles règles englobent tous les secteurs construits sur la base d’indices de construction bien inférieurs dans le passé à ceux autorisés aujourd’hui. Les communes n’ont pas pu justifier d’un besoin, respectivement n’ont pas été en mesure de mettre dans leurs plans d’affectation des zones de nouveaux terrains à bâtir. On assiste à un double phénomène: d’une part, on ne peut pas agrandir la zone à bâtir et, d’autre part, dans les zones à bâtir existantes, on a de la peine à fixer les règles applicables dans ces secteurs, les propriétaires privés, c’est-à-dire essentiellement les entreprises installées sur le Plateau d’Agy, ne souhaitent pas toujours élaborer des plans d’aménagement de détail, ni changer leurs activités car elles ne sont pas sûres de pouvoir les poursuivre en cas de changement. Cela conduit à une certaine hésitation, qui entraîne un retard.

– Quels sont les projets en cours?
– Ce sont principalement de petits projets. De petits immeubles remplacent des habitations individuelles. Le plus gros potentiel, pour des projets de plus grande envergure, se situe sur le Plateau d’Agy, qui doit devenir une zone d’urbanisation et de restructuration complète, avec un potentiel supérieur à 1000 habitants supplémentaires. Le Centre commercial Poya peut connaître un grand développement, avec un potentiel de 300% de plus. Il s’agit d’une zone de développement urbain (ZDU), sorte de zone mixte habitat-activités. Le projet suppose que notre plan d’aménagement et notre plan d’affectation des zones soient définitivement approuvés, ce qui n’est pas encore le cas. Un sujet de préoccupation réside dans le projet très ancien de couverture de l’autoroute qui borde la commune de Granges-Paccot. Le secteur de Chamblioux doit être protégé, en raison des valeurs limites de bruit dépassées, soit par la construction de parois anti-bruit ou par celle d’une couverture de l’autoroute sur environ 600 mètres, ce qui a été jugé trop coûteux. On discute actuellement d’une couverture ou d’un tunnel de 1250 mètres. Nous souhaitons avancer sur ce dossier et que la couverture côté Granges-Paccot soit réalisée, dans l’intérêt de notre population. Un autre projet, commun avec la commune voisine de Givisiez, est le développement du secteur de La Chassotte, avec un bâtiment ancien et des terrains pouvant être valorisés.

– Quels sont globalement les atouts de Granges-Paccot?
– La situation de la commune, à quelques minutes de Fribourg et de la sortie d’autoroute est un avantage, augmenté encore par une très bonne desserte en matière de transports publics. La proximité de la ville en loisirs est aussi un avantage certain. Et Granges-Paccot est située en pleine campagne, avec les avantages proches d’une ville moyenne. Une fiscalité inférieure à la plupart des communes de l’agglomération constitue un plus significatif pour beaucoup de personnes. La qualité des équipements au niveau préscolaire et scolaire et sportif est aussi une plus-value. Tout le monde trouve son compte, avec une grande facilité d’accès. Le fait que Granges-Paccot soit englobée dans le périmètre de l’Agglomération implique enfin que la commune peut contribuer à beaucoup de réalisations comme le financement des activités culturelles et d’infrastructures culturelles ou celui de nombreuses mesures visant à favoriser les transports publics et la mobilité douce.

 

Propos recueillis par Laurent Passer

René Schneuwly.

GROS PLAN

René Schneuwly

 

Né en 1950, brevet d’avocat en 1979. Avocat.
Conseiller communal dès 1986, Syndic de Granges-Paccot depuis 1991.
Président du Comité de l’Agglomération de Fribourg.