/

lectures

Trois livres, trois envies de vivre!

19 Mar 2025 | Culture, histoire, philosophie

«Pourquoi on vit, pourquoi on meurt», se demandait France Gall dans l’une de ses chansons célèbres. Trois ouvrages posent la même et éternelle question philosophique et revisitent la vie, chacun à sa manière, tour à tour séduisante et profonde.

La vie ne s’arrête jamais: c’est l’une de ces fameuses phrases qu’il affectionnait pour leur évidence, singulière et troublante, qui sert de titre au dernier livre, posthume, de l’artiste Ben Vautier, qui a choisi de mourir à 88 ans, dans le sud de la France où il vivait, en se tirant une balle dans la tête, le 5 juin 2024, quelques heures après le décès de son épouse Annie. Un livre qui raconte la vie et l’œuvre, inséparables, de cet artiste-né devenu, à 20 ans et même avant, un créateur irrépressible qui s’exprimait tant par les mots que par le dessin, dans une sorte de joyeuse et absolue liberté.
«J’étais au Cambodge lorsqu’on m’a appelé pour m’annoncer la terrible nouvelle, confie l’éditeur lausannois Pierre-Marcel Favre, qui était son ami, dans les quelques lignes émues de sa très brève préface. Je devais rencontrer Ben en juillet. On s’était parlé au téléphone en juin. Il nous disait régulièrement avoir Alzheimer! Ce qui était complètement faux. Bien au contraire, il présentait une vivacité incroyable et durable. Ben, quelle personnalité chaleureuse, combative, vivante. Et un débateur… Génial, y compris avec ses obsessions, comme le domaine de l’ego».
Un livre qui se lit, se regarde, se feuillette comme une balade avec un ami qui vous fait découvrir son monde tourmenté et profond, son monde secret qui, vous le comprenez peu à peu au fil des pages, est aussi le vôtre, car c’est celui de la vie qui ne s’arrête jamais.

«La vie ne s’arrête jamais», l’univers de Ben en six chapitres. Editions Favre.

Trois destins entre Terre et Ciel

Trois vies fort différentes, mais portées, chacune, par une passion, une vocation, une foi. Trois hommes se rencontrent et se racontent avec un plaisir évident, une sorte de reconnaissance dans la vie. Tout le contraire de la triste plainte de Cioran sur «l’inconvénient d’être né»! L’astronaute vaudois Claude Nicollier a multiplié les missions dans l’espace avec la Nasa, le dessinateur Derib, vaudois lui aussi, a créé ces héros de BD déjà légendaires que sont Yakari et Buddy Longway, Dominique Rivaz vit sa vocation de prêtre avec une sorte de ténacité tranquille dans un époque difficile. Des parcours aux antipodes qui traduisent pourtant la même envie de vivre, la même quête d’émotion et de vérité, le même besoin de sens et de rencontre avec les autres. Les espaces infinis, la science, l’exploration de l’univers, l’inévitable «planète en danger», la tradition chrétienne, la Bible, Dieu, la nature, l’histoire tragique des Amérindiens, la spiritualité… Venus de leurs trois mondes, ces trois amis parlent vraiment de tout et on les accompagne avec plaisir.

«Trois destins entre Terre et Ciel»,
Claude Nicollier, Derib,
Abbé Dominique Rimaz. Editions Favre.

Le Dico romand

Comme tous les dictionnaires qui se respectent, il est gros et pèse son poids, bien qu’il ne parle que d’un espace délimité: la Suisse romande. Réalisé par Mathieu Daudelin, diplômé de l’ECAL, à partir d’un travail de feu Henry Suter, un physicien genevois qui glanait au fil de ses randonnées les perles les plus savoureuses de ce qu’on appelait alors les patois régionaux, le Dico romand recense et explique le sens de tous les mots et expressions qui font la particularité, et aussi la richesse, de notre terroir linguistique.
Des termes plutôt habituels et fréquents – une piquette, le français fédéral, une fricasse, un cornet – mais d’autres plus confidentiels, car plus locaux et nichés sans doute au fin fond d’une vallée ou au sommet d’une montagne. Par exemple une cognarde (une confiture du genre raisinée), un racleret (une lame métallique fixée au mur et destinée à racler les semelles), un mouillon (une humidité), un modzeni (un gardien de bestiaux, un vacher)… «Quand le français s’arrête, j’utilise le gascon», disait Montaigne. Le romand, lui aussi, permet d’aller plus loin! n

«Le Dico romand – Lexique de chez nous»,
Editions Favre.

 

Robert Habel

Annonce par défaut