Diane Barbier-Mueller: «Il est urgent de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, et par conséquent de nos immeubles sous gestion».

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Pilet & Renaud s’engage

Transition énergétique et patrimoine immobilier

1 Juin 2022 | Articles de Une

Le secteur du bâtiment représente à lui seul un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Suisse; il s’agit donc d’un potentiel d’économie d’énergie important. A son échelle, le propriétaire peut avoir un impact considérable sur l’environnement. Qu’il s’agisse de rénover, de restaurer, d’embellir, de surélever ou d’agrandir, les actions entreprises auront un double impact: assurer la pérennité de son patrimoine immobilier et réduire son empreinte écologique. Pour l’accompagner dans sa démarche, l’équipe du département Rénovation durable de Pilet & Renaud SA l’aiguille vers les meilleures décisions. Interview de Diane Barbier-Mueller, administratrice chez Pilet & Renaud à Genève et responsable d’un service entièrement dédié à la rénovation durable.

– L’intérêt de votre régie pour l’écologie ne date pas d’hier. Dès la prise de vos fonctions, il y a sept ans, vous avez déployé un certain nombre de mesures environnementales. De quoi s’agissait-il?
– J’ai commencé par des actions toutes simples, mais qui me semblaient évidentes: à l’interne, nous avons ainsi renoncé au plastique (verres, bonbonnes d’eau, etc.), instauré des poubelles à tri et réduit notre consommation de chauffage. Ma génération est très sensible à ces questions et lorsque ma sœur Alix nous a rejoints, nous avons consolidé notre stratégie. Elle a pris les commandes du département Développement durable, conjointement à celui de la numérisation; des panneaux solaires ont été installés en toiture de l’immeuble où nous nous trouvons actuellement. En misant sur les outils numériques, nous sommes parvenus à diminuer la consommation de papier de 43% en l’espace de trois ans. Nous avons ainsi affronté sereinement la crise sanitaire, puisque la numérisation de l’ensemble de nos documents et processus était déjà largement engagée.

– Qu’en est-il aujourd’hui?
– Il est urgent de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, et par conséquent de nos immeubles sous gestion. Une analyse a montré que l’indice de dépense de chaleur (IDC) moyen du portefeuille immobilier de Pilet & Renaud – soit 1240 immeubles répartis dans le canton de Genève – était plutôt satisfaisant (490-500 MJ/m2) et proche des objectifs fixés par l’Etat. En effet, nous avons toujours encouragé les propriétaires à maintenir leurs immeubles en bon état et à les rénover de manière régulière. Dans la foulée de nos ambitions, nous avons créé en 2022 le département Rénovation durable; à cet effet, trois nouveaux collaborateurs ont été engagés: aux côtés de Bruno Frisa (architecte senior) et de son assistante Laura Garcia, sont venus Achim Siegele (architecte senior), Arnaud Pasche (architecte junior, fraîchement diplômé de l’EPFZ), Sarah Damas (gérante, spécialisée dans l’analyse des bâtiments) et enfin, moi-même, en tant que responsable d’équipe. Bien que nos profils et parcours professionnels diffèrent, nous partageons tous la même fibre écologique.

– Votre objectif pour cette année?
– En ayant renforcé nos effectifs, nous sommes désormais en mesure d’accompagner tout propriétaire de A à Z dans son projet de rénovation, quelle que soit la taille de son immeuble ou de son parc immobilier. Le nouveau Règlement cantonal sur l’énergie a donné une impulsion forte; nous comptons examiner l’entier de notre portefeuille et prioriser les bâtiments qui sont les plus énergivores (fourchette d’IDC la plus élevée). Nous irons voir les propriétaires concernés pour les informer des obligations auxquelles ils sont désormais soumis. La priorité sera également donnée à ceux qui émettent le souhait d’améliorer l’état de leurs immeubles, même si ces derniers affichent déjà de bonnes performances énergétiques.

– Que proposez-vous concrètement aux propriétaires?
– Plusieurs étapes sont mises en place. Une étude – réalisée au travers d’une visite complète et à l’aide de notre partenaire SignaTerre – permet, dans un premier temps, d’identifier le potentiel du bâtiment. S’ensuit l’élaboration d’un scénario de rénovation, par nos architectes expérimentés. Un chiffrage du coût des travaux est alors établi, afin de parvenir à une vision d’ensemble des rénovations possibles et d’être en mesure de les échelonner dans le temps. Des variantes sont généralement proposées, soit une solution qui répond aux exigences cantonales minimales et une autre, plus ambitieuse. Une fois le dossier monté, nous déposons les demandes d’autorisation de construire et nous chargeons des démarches de certifications et de subventions. La coordination avec les divers corps de métier, la réalisation du projet et enfin l’accompagnement après travaux font partie de nos prestations, toutes menées par notre propre équipe.

– Et les locataires, dans tout cela?
– Ce sont eux qui bénéficient avant tout des rénovations durables, car ils voient leurs charges diminuer. En dépit des subventions octroyées, les propriétaires doivent, quant à eux, supporter les dépenses liées aux travaux, qui sont difficiles à répercuter sur les loyers. Autre aspect important: quel que soit le projet, nous veillons à ce que les locataires aient le moins de nuisances possibles durant le chantier. L’information, la négociation et le respect sont à nos yeux essentiels.

– Quelles sont vos perspectives?
– Nous menons actuellement un chantier pilote de rénovation «zéro déchet» à la rue de Carouge. Pour ce faire, nous avons banni l’usage du plastique à usage unique (bâches), source importante de pollution. D’autres actions sont menées, en lien avec la réutilisation/valorisation d’éléments de construction, le recours aux matériaux locaux et les circuits courts. Toutes les entreprises concernées ont joué le jeu en menant des travaux écologiques et propres (sans mégots, ni canettes sur le sol…). Nous avons en outre proposé la récupération de l’eau de pluie pour les toilettes, ce qui a été très bien accueilli par les propriétaires. Ce projet innovant inspire beaucoup notre équipe et continue à évoluer. Nous espérons que cette première expérience deviendra la norme et sera transposée à l’ensemble de nos chantiers.

 

Propos recueillis par
Véronique Stein

Voir notamment Le Journal de l’Immobilier No 5, du 20 octobre 2021:
«Le réemploi des matériaux de construction, c’est l’avenir!».

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