Une silhouette bientôt familière.

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Les Cabinotiers

Premier hôtel industriel à Satigny/GE

24 Août 2022 | Articles de Une

La zone industrielle Zimeysa, au cœur de Satigny/GE, accueille un nouveau bâtiment à l’architecture forte et innovante, inspirée des moucharabiehs. Baptisé «Les Cabinotiers», ce premier hôtel industriel comprenant 9000 m2 de surfaces industrielles et artisanales est dédié aux artisans et sous-traitants du monde horloger et joailler.

«Quand nous avons commencé le projet, nous ne savions pas encore quel type d’entreprises allaient s’y installer, explique Pierre-André Bohnet, du bureau genevois d’architectes Strata. Je lui ai donc donné ce nom d’hôtel industriel, avec la notion d’accueil, en offrant des surfaces prêtes à l’utilisation».
Assez vite, le projet, initié par Roberto Nespolo, fondateur de la société Altitude Fiduciary Advisors (AFA), s’oriente vers le monde de l’horlogerie et de la joaillerie. A l’époque, l’entreprise accompagnait un sous-traitant en horlogerie dans sa recherche d’un nouvel espace de travail de 800 m2 à Genève. Contactée, la Fondation des terrains industriels (FTI) ne disposait que d’un terrain de 3900 m2 dans la zone industrielle Zimeysa, à proximité des grandes manufactures horlogères. Roberto Nespolo a alors l’idée de créer un pôle industriel consacré aux artisans et sous-traitants de l’horlogerie et de la joaillerie.
«Je voulais de la flexibilité et de l’adaptabilité, tant pour la façade que pour les plateaux à l’intérieur, explique Pierre-André Bohnet. Je me suis inspiré des moucharabiehs, qui laissent passer la lumière tout en préservant l’intimité d’un lieu. L’habillage de la façade s’apparente à un bracelet de montre en métal, sur lequel seraient serties des pierres précieuses, évoquées ici par les fenêtres».
Concrètement, le nombre et la taille des fenêtres en façade ne sont pas fixes et peuvent être modifiés facilement, donnant ainsi au bâtiment un visage différent. Il suffit de faire une intervention dans le métal déployé et d’inclure une nouvelle grande fenêtre ou d’enlever le métal autour d’une fenêtre déjà existante grâce à un simple système de déclipsage.
Plutôt que de recourir au verre pour la façade, l’architecte a privilégié la discrétion et l’originalité en drapant le bâtiment d’une «résille» métallique.

«La Main», de Vincent Du Bois.

Démarche durable

Reprenant les principes minimalistes du mouvement artistique italien Arte povera, Pierre-André Bohnet a privilégié les matériaux simples tels que le béton brut pour les murs et le terrazzo pour le sol des parties communes.
Le bâtiment, composé de quatre étages et d’un attique offrant une vue à 360 degrés sur la campagne genevoise, s’inscrit dans une démarche durable, avec une production de chaleur assurée par une pompe raccordée sur le réseau de froid à distance (FAD) de SIG, connecté aux puits de Peney. «Nous sommes parmi les premiers dans la zone à avoir adopté ce système», souligne Pierre-André Bohnet.
Quant aux eaux de pluie stockées sur la toiture, elles descendent le long de la façade pour être récupérées dans une noue paysagère – une sorte de fossé peu profond et large – qui achemine les eaux pluviales dans une petite mare aménagée, permettant ainsi de réinfiltrer l’eau dans le sol et d’alimenter la végétation. En cas de précipitation exceptionnelle, l’eau est dirigée vers la rivière du Nant d’Avril.
Le hall des Cabinotiers accueille «La Main», une sculpture de l’artiste genevois Vincent Du Bois, fondateur avec Pierre-André Bohnet et le designer genevois Claudio Colucci de Stone Touch, éditeur de design dont l’objectif est de promouvoir la pierre suisse auprès des artistes contemporains.
«La Main» évoque la complémentarité du travail réalisé par une machine et le fini apporté par la main de l’homme.
La signalisation intérieure est l’œuvre de Colucci & Colucci Design.
Enfin, l’architecture étant le vecteur de l’identité du bâtiment, le nom de celui-ci n’est apposé nulle part. Seul un écrou de couleur laiton est placé à deux ou trois endroits sur la façade.

 

Virginia Aubert