«Pour une Genève qui compte à Berne»

– Quelle est votre motivation à passer de votre activité de député au Grand Conseil genevois à une mission fédérale?
– Après huit au Grand Conseil, je souhaite me frotter non seulement aux sujets fédéraux, mais également au reste de la Suisse, en particulier la Suisse allemande. Une part toujours plus importante des décisions se prennent à Berne et je veux venir, comme Genevois, peser sur ces débats et représenter les intérêts du canton. C’est d’ailleurs mon slogan: «Pour une Genève qui compte à Berne». Et puis vibre en moi l’envie d’apporter ma pierre à cet édifice si particulier qu’est la Suisse: quatre langues, quatre cultures, des régions aux héritages différents et la nécessité toujours renouvelée de dialoguer et de se comprendre pour trouver des compromis ambitieux pour le bien commun.

– Vos prises de position témoignent généralement d’une vision humaniste et d’un grand intérêt pour la Genève internationale. Ces valeurs vous semblent-elles suffisamment défendues à Berne?
– Oui, c’est vrai, j’ai un grand intérêt pour ces questions. Genève est unique car elle est internationale et elle accueille le monde entier pour parler de paix, de sécurité, de prospérité et de droits humains dans le monde. Et nous ne pouvons pas être cette ville hôte qui rayonne sans de bons relais à Berne. La Genève internationale est une de nos cartes de visite majeures pour notre pays et pour notre politique étrangère. La compétition est énorme pour attirer des organisations internationales et nous souffrons d’un certain isolement, en particulier en Europe. C’est effectivement un de mes objectifs, défendre cette spécificité unique et s’assurer que Genève tienne son rang dans le concert des Nations.

– Quelles seront vos priorités en cas d’élection au National?
– Parmi beaucoup d’autres sujets de prédilection, je veux m’engager pour les priorités suivantes: une économie prospère grâce à des conditions cadres optimales; pérenniser la voie bilatérale par un accord ambitieux avec l’UE; une politique environnementale innovante qui permette d’assurer notre indépendance énergétique; et promouvoir la recherche et la formation en Suisse. Ce sont à mon sens des thématiques centrales que nous devons faire avancer, sans quoi notre pays sera durablement fragilisé.

– Quelle est à votre avis l’image de Genève à Berne? Que proposez-vous pour promouvoir votre canton?
– Comme président du Salon de l’Auto de Genève, j’ai eu l’occasion d’aller récemment beaucoup en Suisse allemande et je remarque à quel point Genève est vue comme déconnectée de la Suisse et de ses valeurs. C’est une de mes motivations, être l’ambassadeur de notre canton à Berne pour arriver à infléchir cette image. Pour cela, il faut s’investir, connaître les dossiers, tisser des liens avec des parlementaires alémaniques, savoir s’exprimer en allemand et être simplement présent de l’autre côté de la Sarine. J’en ai l’envie et la profonde motivation. C’est la seule façon d’être respecté et de devenir un acteur de poids en politique suisse.

– Vous êtes en effet président du Salon. Dans un canton où les questions de mobilité restent très clivantes, on vous prête plutôt une attitude favorable aux modes de transport dits «doux». Est-ce un grand écart?
– Je crois qu’il ne faut justement pas opposer les modes de transport. Je me déplace en vélo en ville, mais suis également un utilisateur de la voiture, en particulier pour les loisirs. C’est la réalité de nombreux Suisses. La voiture est et restera centrale même si les habitudes changent. L’industrie automobile est en pleine révolution, celle de l’électromobilité. C’est énormément de recherche, de développement et donc d’innovations majeures. Cette industrie est en fait un acteur central de la décarbonation pour nous permettre d’atteindre les objectifs que notre pays s’est fixé: zéro carbone net en 2050 (Accords de Paris).

– Etes-vous confiant dans le score de votre parti et dans le vôtre?
– Pour moi, cela serait présomptueux de le dire, par contre pour mon parti je suis confiant. Notre liste est à mon sens de grande qualité et notre parti a retrouvé sa sérénité. Nous défendons la responsabilité, la liberté, la solidarité et le goût de l’effort. Nous regardons avec circonspection les modes éphémères du moment – je pense en particulier au mouvement woke – pour nous inscrire dans le temps long.

Propos recueillis par vincent naville