ART - Innovation en terres vaudoises
Jérôme Rudin va exposer dans les arbres
Un petit coin de paradis à l’ombre des arbres avec le lac de Genève comme témoin: c’est là, dans le clos du restaurant Chez Pitch, à Pully/VD, que l’artiste lausannois Jérôme Rudin va inaugurer, le jeudi 12 juin, sa nouvelle exposition, Art au Jardin, qui sera ouverte tout l’été jusqu’à la fin septembre. Une douzaine de toiles d’un genre nouveau, recouvertes d’une fine couche d’aluminium résistant à l’eau et à l’humidité, danseront et vibreront dans les arbres pour un happening poétique et joyeux.
Il est de retour sans être jamais parti: artiste surdoué et précoce – il a tenu sa première exposition à Lausanne à 17 ans, il y a 33 ans – Jérôme Rudin présentera, dès le 12 juin prochain, ce qui devrait être sa 500e ou 600e exposition, dans un restaurant bien connu de tous les habitants de la région. Baptisée «Art au Jardin, œuvres subaquatiques», l’exposition aura lieu dans la petite cour calme et ombragée, juste à côté du restaurant et de sa vaste terrasse qui fait face au lac.
«Nous allons suspendre une douzaine de toiles dans les arbres, d’où des jeux de lumière surprenants, des harmonies, des effets, explique l’artiste. Les œuvres apparaîtront dans une atmosphère ouverte et naturelle, elles dégageront des émotions plus douces et une poésie plus fluide que si elles étaient exposées dans une salle fermée».
Une œuvre nourrie par la «difficulté d’être».
Des toiles plus douces, plus
lumineuses
Même s’il reprend et retravaille ses thèmes fétiches – les vases chinois, les abstraits énergiques et puissants, le jeu et la valse des couleurs – l’artiste lausannois donne une touche nouvelle à ses œuvres en les entourant de panneaux composites en aluminium, qui, quasiment invisibles, leur confèrent toutefois, comme dirait Sylvain Tesson, «une très légère oscillation». «La toile est un peu plus douce quand on la touche, c’est un peu comme une peau de soie, explique Jérôme Rudin. La lumière se reflète aussi de manière un peu différente, un peu aérienne, flottante. J’ai montré ces toiles à beaucoup de gens, qui les ont trouvées séduisantes et troublantes».
Mais pourquoi une telle innovation? Un peu par hasard et par nécessité, en fait, parce que ce procédé protège mieux les toiles contre certains de leurs plus vieux ennemis: l’eau, l’humidité, la buée, les fortes chaleurs… «La vie d’artiste est faite de rencontres, reprend Jérôme Rudin, et ces rencontres ont souvent un sens imprévisible et étonnant. Pendant un déjeuner avec deux clients, j’ai rencontré le chef du restaurant Chez Pitch, Christophe Siwek. Il est français, venu à Pully il y a deux ou trois ans. Il a dirigé à Paris le restaurant Van Gogh, qui expose des reproductions des tableaux du maître. Ces toiles étaient toujours dégradées par la fumée, les graisses, la lumière et ils ont eu finalement l’idée de les protéger avec ces fins panneaux d’aluminium, lavables facilement».
Des tableaux dans le jardin,
dans la cuisine…
Jérôme Rudin s’est souvenu alors d’une amie collectionneuse, vivant en Provence, qui se plaignait de ne pas pouvoir installer ses tableaux sur sa terrasse à cause de l’humidité pénétrante ou de la chaleur écrasante. «Avec cette pellicule en aluminium, le tableau est parfaitement protégé contre l’eau et l’humidité; c’est pourquoi je dis que ma nouvelle expo est «subaquatique». On peut donc installer mes tableaux à l’extérieur, sur le balcon ou la terrasse ou dans le jardin: ils supportent la pluie, la chaleur ou le froid, les brusques changements de température. Dans la maison, on peut aussi les installer à la cuisine ou dans la salle de bains, ils ne s’abîment pas. Une cliente a accroché l’un de mes tableaux dans son spa!».
Toujours aussi passionné et créatif, Jérôme Rudin fêtera ses 51 ans le 12 août prochain. Il mène sa vie d’artiste, toujours recommencée et jamais apaisée. L’eau et l’humidité ne mineront plus ses toiles, mais les tsunamis de la vie quotidienne – les interrogations, les doutes, les impasses, bref tout ce que Jean Cocteau appelait «la difficulté d’être» – continueront de nourrir son œuvre.