Le professeur émérite Patrick Barbier (à g.) et Patrick Motisi, fondateur et président de l’association Helvetia Lyrica, avec une lithographie de Maria Malibran lors de la conférence retraçant la vie de la diva.

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culture & nature - De la Malibran à la Callas

Héritage d’une passion lyrique

30 Avr 2025 | Culture, histoire, philosophie

L’association genevoise Helvetia Lyrica, qui se consacre à la préservation et à la transmission de l’héritage de l’art lyrique*, a accueilli le 29 mars dernier à la Bibliothèque d’art et d’archéologie (Musée d’art et d’histoire de Genève), le professeur émérite Patrick Barbier pour sa conférence sur la Malibran, la diva qui inspira Maria Callas. Un véritable succès.

C’est devant un public de passionnés d’opéra que Patrick Barbier, historien français de la musique et écrivain, a évoqué le destin unique de la Malibran. «Mes deux conférences précédentes portaient sur le monde baroque, puisque j’ai passé une partie importante de ma vie à travailler sur les castrats, a-t-il expliqué. Mais, en même temps, mon travail n’est pas un travail de musicologue dans le sens ‘étude de partition’. Je me considère plutôt comme un historien de la musique et je m’intéresse aux rapports entre la musique et la société à différentes périodes. C’est pour cette raison qu’après mes conférences intitulées respectivement ‘Farinelli’ et ‘L’histoire des castrats’, j’ai voulu aborder deux grandes figures du XIXe siècle: les deux sœurs, Maria Malibran et Pauline Viardot».
Le 24 mars 1808 à Paris, Maria Felicitas García Sitches, voit le jour au sein d’une famille d’artistes. Elle est la fille du célèbre ténor et pédagogue Manuel García et de Joaquina Sitches, également chanteuse. Dès son plus jeune âge, Maria reçoit une éducation musicale complète, mais aussi très sévère de la part de son père, avec qui elle entretiendra toute sa vie des relations complexes, conflictuelles, mais aussi profondément formatrices.
«Le nom de la Malibran est resté célèbre même auprès des personnes qui ne connaissent pas vraiment l’opéra, alors que Maria Malibran a eu une vie très courte, puisqu’elle est décédée à l’âge de 28 ans des suites d’une chute de cheval, poursuit Patrick Barbier. La brièveté de son existence a certainement grandement contribué au mythe de la Malibran. Quand j’ai commencé ma biographie sur la Malibran, j’ai montré qu’elle était ce que Maria Callas sera au XXe siècle. C’est extrêmement schématique car il y a eu de nombreuses grandes cantatrices au XIXe et au XXe. Mais des figures marquent toujours et pour longtemps chaque siècle. Le plus étonnant est que la sœur de la Malibran, Pauline – qui eut une destinée absolument passionnante et beaucoup plus longue, puisqu’elle vécut jusqu’à presque 90 ans – est moins connue du grand public. Elle côtoya pourtant en Europe toutes les personnalités du monde littéraire, artistique, musicale et toutes les têtes couronnées».

Dix-sept ans, le début du succès

En 1825, Maria fait un début remarqué au King’s Theatre, à Londres, où la famille s’était installée. Elle n’a alors que dix-sept ans et s’impose face à Giovanni Battista Velluti, le dernier des castrats. La même année, elle fait la connaissance à New York – lors d’une tournée organisée par son père – de François Eugène Malibran, un banquier français de vingt-sept ans son aîné, qu’elle épouse un an plus tard. Ce mariage, qui est l’opportunité pour Maria d’échapper à son père, est un échec; en 1827, elle quitte son mari dont elle choisit cependant de garder le nom, repartant seule en Europe où elle fera une carrière hors du commun que Patrick Barbier a retracé avec brio, dressant un portrait d’une cantatrice d’exception, mais aussi d’une femme passionnée, libre et déterminée.
Parallèlement à la conférence, le public a notamment pu découvrir un autoportrait lithographique de la Malibran qu’elle avait réalisé en 1835, ainsi que des articles et des illustrations publiés dans des journaux de l’époque, la montrant dans des rôles qu’elle interpréta admirablement.

 

Virginia Aubert

Voir à ce sujet: Le Journal de l’Immobilier n° 148,
du 11 décembre 2024

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