Laurent Bovay.

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LA fête des maires - Laurent Bovay, Syndic de Crissier/VD

Gérer la densification

11 Oct 2023 | Articles de Une

Située dans un Ouest lausannois en mutation, la commune de Crissier, célèbre à l’international pour son restaurant de l’Hôtel de Ville, connaît un développement important mais maîtrisé, qui se traduit par la création de nouveaux quartiers et une hausse importante de la population, appelée à passer de 9800 à 12 000 habitants à l’horizon 2030. Pour Laurent Bovay, enfant de Crissier et Syndic, le défi futur consiste à conserver l’équilibre en toutes choses qui réussit si bien à sa commune.

– Comment se porte la commune de Crissier?
– Elle va bien et pas seulement financièrement, mais aussi de manière plus globale. Crissier fait partie du projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM), ce qui implique une densification de la commune.
Crissier bénéficie d’une très bonne situation géographique depuis la fin du siècle passé avec un accès à la gare et un échangeur d’autoroute. Le sud de la commune abrite une forte activité industrielle et commerciale, tandis que le nord concentre les habitations. Cette configuration a toujours été ainsi et nous essayons de la maintenir malgré la densification.

– Justement, comment se fait-elle?
– Pour chaque projet, nous avons eu recours à des concours et fait appel à des mandats d’études parallèles, afin de choisir des projets de qualité. L’objectif étant de préserver et même d’améliorer la qualité de vie à Crissier.
Nous avons créé une zone de transition entre le sud et le nord sur les terrains occupés par des friches industrielles. Le projet prévoit la création de trois nouveaux quartiers dont le premier, Oassis, a été terminé l’année dernière. Il compte 454 appartements en location et PPE, des logements pour seniors, des commerces et des surfaces administratives, ce qui représente plus de 1000 habitants et des postes de travail. Crissier a la chance d’accueillir plus de 1000 entreprises pour 9000 employés et 9800 habitants, soit un très bon équilibre.
Le deuxième quartier, L’Orée, est actuellement en cours de construction. Il comprend 13 bâtiments pour un total de 420 logements, ainsi que des surfaces commerciales et de bureaux.
Enfin, le troisième et dernier projet, qui aurait amené quelque 1000 habitants supplémentaires, a été refusé dans les urnes par la population. Les habitants craignaient une augmentation du trafic routier, déjà particulièrement important. Tout le monde sort de l’autoroute à Crissier et le carrefour de Praz est actuellement le deuxième le plus chargé de Suisse.
Ce rejet du projet interroge sur l’avenir de cette zone, qui bénéficie de droits à bâtir. Faut-il en faire une zone industrielle ou proposer un nouveau projet?

– Comment se fait l’intégration des nouveaux habitants?
– C’est un défi important, d’autant plus que le quartier Oassis est un peu excentré et qu’il est séparé du village par une route cantonale. Tout l’enjeu est de faire venir les nouveaux habitants dans le village. Le fait d’avoir placé les jeunes enfants dans un Collège situé dans le centre historique de Crissier facilite cette interaction. C’est selon cet objectif que nous avons installé la bibliothèque municipale à Oassis. Chaque nouveau quartier comprendra une entité publique.

– Vous avez évoqué l’école. Les infrastructures sont-elles adaptées au développement de Crissier?
– La commune a des finances saines et cela depuis longtemps, ce qui nous permet de construire les routes en même temps que les quartiers. Concernant les écoles, le développement s’est fait régulièrement et nous avons toujours une certaine avance par rapport aux besoins. Ainsi, nous avons toujours pu éviter les infrastructures temporaires, comme les pavillons.
En 2016, nous avons construit le Collège de la Romanellaz. Un nouveau Gymnase est actuellement en train de voir le jour et, comme le nouveau Collège de l’Orée, il sera opérationnel à la rentrée 2024 et accueillera environ 1200 élèves. Nous avons aussi un projet de construction d’un nouveau Collège pour 2028.

Crissier est labellisée Cité de l’énergie depuis 20 ans.

– Qu’en est-il des prix de l’immobilier?
– Les prix ont très nettement augmenté, ce qui incite du reste les héritiers de terrains à vendre. Dans ce contexte, il est difficile pour la commune de conserver des poches de verdure.
Aujourd’hui, le prix d’un terrain industriel se situe entre 1200 et 1500 francs le mètre carré et, pour un terrain d’habitation, le prix atteint parfois jusqu’à 2000 francs le mètre carré.
Pour un appartement à louer de 4,5 pièces, il faut compter 2500 francs.
A cela s’ajoute une pénurie de logement dans l’agglomération de Crissier, avec un taux de 0,36 de disponibilité. Et ce chiffre est encore inférieur pour Crissier même.
Dans cette situation, il est devenu difficile pour les jeunes de rester dans la commune.
Pour répondre à ce besoin, nous sommes en train de construire sur un terrain communal deux petits immeubles, pour un total de 44 appartements qui devraient être livrés au printemps 2025.
L’argent des loyers devrait être affecté au budget d’environ 14 millions alloué à la rénovation du château de Crissier, racheté par la commune. Le château abrite trois appartements. Celui du rez-de-chaussée va être transformé en espace culturel. Quant au parc, il sera désormais public.

– La commune a-t-elle d’autres projets?
– Oui, la création d’une caserne intercommunale pour les sapeurs-pompiers, qui comprendra également un bâtiment pour la voirie. Le budget devrait être de cinq ou six millions. Nous avons aussi le projet d’un centre sportif et de loisirs pour un budget de cinq millions. Il pourrait être livré d’ici fin 2025.

– Quelle est la politique énergétique de Crissier?
– Nous sommes labellisés Cité de l’énergie depuis 20 ans et notre objectif est d’obtenir le statut Gold. Concernant la rénovation énergétique des bâtiments communaux, nous agissons en fonction des opportunités qui se présentent. D’ici 2026, nous prévoyons la rénovation de trois bâtiments et de trois autres au cours de la prochaine législature.
Nous avons aussi augmenté la masse financière dédiée aux subventions pour l’installation de panneaux solaires, notamment. Il y a vraiment une forte demande.
L’élaboration de notre Plan climat est également en cours et nous portons une attention particulière aux espaces verts. Nous allons notamment planter des arbres sur le domaine public, près des routes, mais avec une véritable réflexion. Planter un arbre pour le voir mourir trois ans plus tard ne sert à rien!

– Quelle est l’offre culturelle?
– Elle repose essentiellement sur les associations locales, très dynamiques et que la commune soutient, comme la fanfare et l’harmonie, l’orchestre symphonique Bande-Son. Parmi les événements culturels importants, nous avons le Blues Rules Crissier Festival.
A l’avenir, l’espace situé dans le château nous permettra aussi de renforcer notre offre culturelle.

 

Propos recueillis
par Virginia Aubert