GENESIS MAGMA
Genèse d’une nouvelle ère
La Corée du Sud aime l’Europe, et plus spécialement son industrie automobile. Après avoir débauché Luc Donckerwolke, ancien designer du groupe Volksagen et auteur – entre autres – de la Lamborghini Murcielago, le conglomérat Hyundai Motor Group s’arroge les services de Jackx Ickx pour soutenir Genesis. Agé de 79 ans, le sextuple vainqueur des 24 Heures du Mans a commencé son programme en juin 2024 en dévoilant une nouvelle gamme sportive baptisée Magma, en parallèle à un programme «Track Taxi» sur le circuit du Nürburgring.
Entre plusieurs concepts cars à leurs balbutiements et des versions prêtes à rouler, l’étendue de la série Magma était importante pour une première mondiale. Déclinaison plus sportive et raffinée au sommet de la gamme existante, la dénomination Magma incorpore des motorisations de tous les types. «C’est fantastique de pouvoir révéler une gamme complète en une fois», s’était réjoui Luc Donckerwolke, directeur de la création chez Genesis. «Il faut dire que je dispose d’une très grande marge de manœuvre accordée par la direction coréenne».
Mission séduction
La marque asiatique a-t-elle réellement des chances de séduire un public européen averti, surtout au sein d’un marché de sportives de luxe inondé d’acteurs de renom? Genesis y croit, si l’on en juge sa stratégie de développement: outre une nouvelle usine à Rüsselsheim et 200 emplois à la clef, l’extension des installations au Nürburgring renforce les synergies avec les sous-traitants et fournisseurs du Vieux-Continent. Genesis met un point d’honneur à tester tous ses véhicules sur la Nordschleife, avec 10000 km par modèle.
Volonté de cibler une clientèle expérimentée, le choix d’un ambassadeur de légende en la personne de Jacky Ickx est aussi le simple résultat de contacts humains entre passionnés. Et ce, peu importe les générations: «Ma première fois sur le Nürburgring? C’était en 1966 avec une Cortina Lotus», se souvient le champion belge. «A l’époque, il y avait 17 sauts. Aujourd’hui, avec la G70, on se sent parfaitement sécurité. A mon âge, j’ai réussi à suivre le pilote d’essai de Genesis, et c’est uniquement grâce à la qualité de mise au point de l’auto. La vitesse, le caractère, la performance forment un petit miracle, et surtout de pouvoir braquer avec autant de confort sur un circuit aussi exigeant».
Taxi! Suivez cette voiture…
Disponible à partir de 120 € par personne ou 180 € pour les groupes, le programme Track Taxi avec Genesis est à but caritatif: tous les bénéfices sont distribués à une œuvre de bienfaisance. Forte d’un 6 cylindres 3,3 l turbo de 370 chevaux – hélas non disponible pour la clientèle européenne en dehors de la Nordschleife! –, la berline G70 Nürburgring Taxi enthousiasme par sa stabilité à haute vitesse et le retour d’information des trains roulants, même en étant assis à l’arrière.
Pour l’heure, l’accent de la gamme Magma a été mis sur la personnalisation des exécutions et des couleurs. L’introduction de Genesis en compétition n’est pas encore à l’ordre du jour, «notamment à cause des réactions du marché face à l’électrification», explique Luc Donckerwolke.
Charles Matthey
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Jacky Ickx: « J’ai beaucoup de choses à apprendre »
Genesis peut compter sur le soutien de l’un des palmarès les plus riches du sport automobile pour le développement de sa gamme sportive et son prochain engagement dans le Championnat du monde d’Endurance (WEC). Deux fois vice-champion du monde de F1, vainqueur de huit Grands Prix de F1, six fois victorieux aux 24 Heures du Mans et une fois sur le Paris-Dakar, c’est peu dire que Jacky Ickx en connaît un rayon sur la compétition automobile. Retour avec lui sur sa carrière et l’essence de cette collaboration.
Jacky Ickx, quel est votre degré d’implication dans le développement des véhicules sportifs de Genesis?
Je suis nouveau dans la famille Genesis, et je m’y sens très bien depuis le départ. Avec des équipes aussi enthousiastes, j’ai beaucoup de choses à apprendre. Seul, on ne fait rien. Ma participation consiste à aider la marque à créer des voitures qui vont vite en tout confort. Les premiers prototypes que j’ai testés en Corée m’ont d’emblée donné un bon feedback.
Au moment d’aborder ce nouveau chapitre, quel regard portez-vous sur votre carrière?
A bientôt 80 ans, j’ai eu plusieurs vies, y compris en moto à mes débuts. Je crois que personne n’a fait autant de kilomètres en course en Europe, à part peut-être Mario Andretti. On est toujours battu un jour : il faut rester humble. C’est un privilège pour moi d’être encore en vie après toutes ces années de sport auto. La longévité n’est pas juste due au talent mais aussi à la chance. Quand on se sent à l’aise dans une voiture, ça change tout. C’est pour cela que je considère comme un privilège de continuer à vivre le présent de l’industrie automobile et ce qui reste du futur.
Pourtant, le sport auto d’aujourd’hui n’a plus grand chose en commun avec celui d’hier… Quelle quête poursuivez-vous?
Je ne suis pas nostalgique du passé. Pour gagner, un pilote doit être sur un monorail avec beaucoup d’ego. La vision qui mène à la victoire est étroite. Ce paramètre n’a pas changé. Ce qui me manque, c’est surtout la mémoire des gens que j’ai rencontrés et avec qui je n’ai pas assez passé du temps. Ceux qui ne sont plus là, ou qui ont travaillé dans l’ombre à 100 %. Quand un pilote dit merci à son équipe, c’est profond, c’est l’aboutissement d’un travail auquel chacun, quelle que soit sa fonction, à contribué avec un engagement maximal. Genesis est constitué de telles personnes qui sont contents de se voir et de travailler ensemble. Ce qui me plaît, c’est de rêver avec eux autour d’un projet, et lorsque je leur suis reconnaissant, c’est du fond du cœur.
Propos recueillis par Charles Matthey
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