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L’ÉDITO DE JÉRÔME MARCHON

Tant que les politiques ne changeront pas leurs priorités…

10 Nov 2021 | Edito

C’est désormais un fait. Tous les constructeurs automobiles ont entamé leur mue vers la fée électricité. A plus ou moins court terme, ils feront la part belle, voire exclusive, aux véhicules à batterie. Du jamais vu dans l’histoire! Il y a 10 ans à
peine, Elon Musk passait pour un farfelu avec ses voitures à piles. Il est aujourd’hui le modèle de tous les stratèges de l’industrie, conscients des enjeux de dépendance aux producteurs de batteries – tous asiatiques – et du retard technologique accumulé. Tous les grands groupes y vont de la construction de leur « gigafactories » échangeant milliards d’euros ou dollars contre gigawattheures de batteries. Les départements de Recherche & Développement engloutissent des budgets colossaux et tournent à plein régime afin de convertir l’octane en électrons. Carlos Tavares (Stellantis) et Herbert Diess (Volkswagen) l’ont mentionné à plusieurs reprises: cet emballement est le résultat non pas d’un choix, mais d’une contrainte politique. Une contrainte qui, s’ils tentent de s’en affranchir, tuera leur entreprise et les écosystèmes gigantesques qui en dépendent. Il ne fait aucun doute que l’industrie sera prête aux diverses échéances d’abandon du moteur thermique décidées arbitrairement par les différents gouvernements.
Mais peut-on en dire autant de nos chers élus? Non. Inutile de chercher bien loin : il y a deux semaines, « l’Oracle de Bursins » nous a dévoilé, sur un ton alarmiste, l’éventualité de pénuries d’électricité en Suisse à l’horizon 2025. Un secret de polichinelle en fait; cette discussion est sur la table de nombreux énergéticiens depuis plusieurs années. Après la construction des centrales nucléaires suisses, il y a grosso modo 50 ans, aucun effort de planification pour assurer un approvisionnement en énergie tenant compte de l’essor démographique et économique de notre pays n’a été réalisé par nos instances dirigeantes. Et les quelques initiatives privées ici et là ont été tuées dans l’œuf, le projet à peine présenté. A ces manquements s’ajoutent les mutations indispensables à l’avènement de l’électromobilité tant désirée au niveau de l’infrastructure publique. Les constructeurs automobiles font ce qu’ils peuvent, mais tant qu’un écosystème planifié et uniformisé garantissant un accès et une utilisation faciles n’est pas créé, leurs efforts de conversion resteront vains. Et cette étape passe inévitablement par une vraie volonté politique. «Gouverner c’est prévoir…», dit l’adage. Ajoutons «…un peu plus loin que sa réélection».

 

Jérôme Marchon

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