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L’ÉDITO DE JÉRÔME MARCHON

Les premiers effets pervers du tout-à-l’électrique…

14 Sep 2022 | Edito

En plus du chagrin d’avoir perdu leur souveraine, les Britanniques vont devoir supporter, dès le 1er octobre une hausse des prix de l’électricité de l’ordre de 80%. Pour les usagers d’une voiture électrique, cela signifie une recharge plus chère qu’un plein de carburant équivalent. Selon le Royal Automobile Club, un automobiliste qui parcourt 400 km à bord de sa Jaguar I-Pace verra le coût de son trajet augmenter d’environ 100 livres sterling.

Le cas de figure risque bien de se reproduire en Suisse. Le tarif, soumis à une forme de monopole contrôlé des distributeurs, va augmenter en moyenne de 27% en Suisse. Cela place le kWh à des niveaux records, entre 8,5 et 58,8 ct suivant le fournisseur. Sur le réseau public, la sanction risque d’être encore plus sévère. La plupart des sociétés exploitantes sont soumises au marché libre et donc en prise directe avec les fluctuations du marché. On a vu l’exemple de Stahl Gerlafingen, qui devra payer 45 millions de francs d’énergie en octobre, soit plus que ce que l’entreprise payait normalement en une année, ou le cas de la commune de Saint-Prex, dont la facture annuelle augmentera de plus de 1600%. Même bien avant cette flambée des prix, il m’est arrivé de recharger à Genève, tous frais compris, au coût de 2,52 CHF/kWh. Ce qui équivaut à un prix d’essence de 22 francs au litre… De tous bords, on pousse les automobilistes à passer à la voiture électrique, sous prétexte qu’elles sont propres et économiques. Vraiment?

Outre un prix d’achat du véhicule encore élevé, il faut s’attendre à de nouvelles contraintes. En Californie, les autorités ont expressément demandé aux automobilistes de ne plus charger leur véhicule entre 16h et 21h afin de limiter l’utilisation d’un réseau électrique vieillissant et sous-dimensionné. Il n’en sera(it) pas autrement chez nous. De la demande expresse à l’interdiction il n’y a qu’un pas que de nouveaux projets comme le V2X lancé en Suisse pourront peut-être éviter.

La guerre en Ukraine n’explique pas tout. Ce que l’on paie aujourd’hui est le cumul de deux décisions politiques irréfléchies – ou plutôt visant à satisfaire les coups de boutoir idéologiques des écologistes – qui ont conduit à une surenchère à celui qui lavera plus blanc, aussi bien en Suisse que dans l’Union européenne: celles de sortir du nucléaire et foncer plein gaz sur la voiture électrique au sortir du Dieselgate en 2015, en instaurant un système d’amendes dissuasives pour les constructeurs qui leur imposait de facto le passage à la propulsion électrique. Non, l’électricité n’est pas abondante, son approvisionnement actuel repose sur une infrastructure insuffisante et elle ne sera pas décarbonée demain. En attendant, cette absence de réalisme et d’anticipation se paie cash sur nos factures.

 

Jérôme Marchon

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