Pour la majorité des conducteurs, la plaque d’immatriculation n’est qu’un morceau d’aluminium qui sert à identifier son véhicule. Pour d’autres, en revanche, c’est un moyen d’affirmer son ego, faire tourner les têtes avec un «666», un «12345» ou un «500000». Il y a aussi le clin d’œil: toujours sympa de croiser une Aston Martin affublée du 007 ou une Porsche 911 de son «911». Il y a enfin les identifiants moins évidents, plus personnels, comme une date de naissance, une date de mariage – plus moyen de l’oublier, Messieurs! – ou simplement des numérotations qui se suivent au sein d’une même famille. Bref, les raisons sont bonnes et nombreuses pour débourser un petit peu plus que les quelques dizaines de francs que nous demande habituellement notre Service des automobiles bien-aimé, afin d’obtenir un numéro de plaque de son choix.
Sous d’autres latitudes, l’exercice existe bien évidemment aussi. Nous connaissons l’attachement des Asiatiques à la symbolique des chiffres. Les Anglais, eux, font preuve de plus d’humour en mettant en vente les «numéros» V1AGRA, ou K1NGS, voire, pour les plus lubriques, PEN15… Mais les records proviennent du Moyen-Orient, où les vertus particulières prêtées à la numérologie revêtent une importance capitale. Ainsi, les Emirats arabes unis, par exemple, procèdent à plusieurs ventes aux enchères durant l’année, dont les résultats atteignent des sommets… Le numéro 1 à Sharjah a été mis à prix à 1 million de dirhams (soit environ 270 000 francs suisses). Les enchères se sont envolées jusqu’à atteindre 18 millions de dirhams (env. 4 900 000 de francs suisses). D’autres numéros se sont arrachés à prix d’or, comme le 12 ou le 22, affichés tous deux à plus de 2 millions de dirhams chacun (soit env. 550 000 francs). Au total, chaque vente permet de récolter plus de 50 millions de dirhams (plus de 13 millions de francs suisses). Pour la plaque d’immatriculation numéro 1 d’Abu Dhabi, un membre d’une riche famille locale a déboursé pas moins de 52,2 millions de dirhams (env. 14 millions de francs) en 2008, record du monde à ce jour.
Mais une seule chose différencie les Emirats et la Suisse cependant: alors que nos délires numérologiques engraissent le ménage cantonal, ceux des Emiratis profitent à des associations caritatives.