/

Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

La mère et l’enfant

20 Déc 2023 | Les 4 vérités de Jean-Marc Vaudiau

Pas de culture guerrière
dans la fête de Noël, pas
de revendication régionale,
aucune exclusion.

On est de Noël comme on est d’une enfance, car aucune autre fête religieuse n’unit autant les êtres humains. C’est une fête d’essence chrétienne, mais elle déborde le cadre chrétien pour devenir une cérémonie qui associe aussi bien les enfants juifs que les enfants musulmans, les enfants indous que les enfants athées, à une célébration chrétienne qui a perdu son caractère communautariste pour s’élever jusqu’à l’universel. A l’heure des replis identitaires et du wokisme, c’est un bol d’air.
Noël a acquis une sorte de statut de fête, non seulement religieuse, mais encore civique: Noël marque la réconciliation des peuples et des hommes, dépassant les frontières de l’Occident. Deux puissantes images dominent: d’abord celle de l’enfant. C’est l’enfant qui est devenu le centre de Noël, cet enfant fragile et magnifique, déjà sacré, dans lequel se reconnaissent toutes les cultures humanistes. C’est ensuite l’image de la mère qui enfante, seconde image, robuste, profonde, dans laquelle la femme universelle se retrouve. Doublement identitaire par l’enfant et par la mère, l’heure de Noël parvient donc à déborder le cadre du christianisme pour se généraliser. Dans son essence invisible, la nuit de Noël rejoint plus universellement l’humain que l’essence visible du matin de Pâques, presque «inhumaine» parce que dépassant l’homme, dans son message qui défie la raison.
A l’inverse des autres fêtes religieuses, pas de culture guerrière dans la fête de Noël, pas de revendication régionale, aucune exclusion, aucun anathème jeté aux autres religions, mais tout au contraire un message qui demande à tout individu de se hisser jusqu’à l’humanité qui se trouve en lui. Le voilà, le vrai miracle de Noël: tenter de faire l’union, par-delà frontières et rancunes, pour que puisse apparaître, une nuit, un jour, peut-être même une entière semaine, le visage universel de l’homme, ce visage précieux et planétaire, parce qu’en tout lieu du monde, c’est de la même manière que l’homme essaie de devenir un homme.