Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau

«La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure à celle nécessaire pour les produire».

Rassurez-vous, je ne vais pas vous entraîner dans des arcanes compliqués de physique quantique, mais bien ailleurs. La loi de Brandolini est simple, elle s’exprime ainsi: «La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure à celle nécessaire pour les produire». Cette loi entraîne immédiatement une question: cela vaut-il le coup de réfuter un mensonge ou une bêtise? Autrement dit: faut-il répondre aux cons? C’est une vraie question sur Internet, à l’heure où la stupidité foisonne, et pour peu qu’on aime comme moi le débat, il faut évaluer si ce n’est pas pure perte de temps. Cela semble aussi inutile que pénible. Non seulement on ne parvient pas à argumenter rationnellement avec un imbécile, mais encore, sur les réseaux sociaux, il n’est pas aisé d’éviter de se faire agresser par la garde rapprochée de l’imbécile en question.

Ainsi, en perdant son temps à réfuter l’insanité et la niaiserie, à corriger les erreurs volontaires ou non, à ferrailler pour rétablir les faits, il convient avant tout d’évaluer quel en est le gain. Je veux dire par là, à supposer qu’on parvienne finalement à acculer l’imbécile contre le mur de son erreur après avoir déployé des montagnes d’énergie et d’énervement, quel est le poids de cette victoire? Nul! En effet, on ne va convaincre personne ni faire changer d’avis qui que ce soit. La raison? Sur le Net, chacun est devenu un tel expert, sans la moindre compétence, dans de multiples domaines, qu’il est inutile de tenter de le déloger. Mais ne pas s’échiner à répondre demande néanmoins un travail sur soi-même: chacun aimerait tant apporter dans le domaine qu’il maîtrise le moins mal un petit peu de lumière qu’il est difficile de hausser les épaules devant la fatuité des gens stupides, naïfs ou désagréables qui pullulent sur le Net.
Cependant, appliquer la loi de Brandolini ne tarira pas l’origine des fausses informations, parce que les experts, a priori convaincus de détenir la vérité, vont rechercher la moindre «preuve» qu’ils ont raison, et que de bons samaritains vont la leur fournir.