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courrier des lecteurs
De vous à nous…
DIP DIP DIP hourrah!
Notre Département de l’instruction publique a connu bon nombre d’échecs.
Au DIP, la législature avait déjà mal commencé en 2018; Mme Emery-Torracinta voulait débaptiser son Département. Curieusement, plus question d’«instruction publique», mais de formation, de jeunesse, bref de tout ce qui pouvait éloigner l’école de sa mission d’instruire. J’avais réagi immédiatement par une motion, et le Parlement avait suivi. Rétropédalage de la magistrate.
De plus, le terme d’école inclusive, mantra du DIP sur lequel la magistrate s’était fait élire, est un terme piégeur. S’y opposer serait s’exposer au pire: soutenir une école exclusive! Or il n’en est rien. Il n’y a aucune urgence à mettre en place ce gouffre à fric, dont l’efficacité est défaillante. En revanche, l’urgence pour notre école aurait consisté à amener tous les élèves à la maîtrise des savoirs de base: lire, écrire, compter. C’est là que l’effort aurait dû porter d’abord, avec des méthodes adaptées aux situations. Il en va de la dignité que de savoir lire, écrire, compter. Ce n’est pas le cas à Genève, loin s’en faut. Si un enfant scolarisé ne sait pas lire ni écrire, c’est en général la faute du système, qui n’a pas utilisé la bonne méthode: on peut donc le lui reprocher. Si un élève échoue dans une classe dite inclusive, c’est la faute de l’élève, de ses dysfonctionnements. L’école inclusive permet à l’institution de se soustraire à ses responsabilités.
Ensuite, une première volonté d’introduire le numérique au primaire et au Cycle d’orientation avait nécessité un retentissant rétropédalage du DIP devant le refus; le projet avait été retiré. Un deuxième projet peu probant est actuellement à l’étude, avec de faibles chances d’être accepté par le Parlement. Revers cinglants.
De plus, les directeurs de collège qui se plaignent de maltraitance sont en opposition franche avec la Direction de l’enseignement secondaire II. Cette querelle intestine a fait grand bruit, bien des dégâts, et elle n’est pas encore résolue. Loin de là.
A noter que Mme Emery-Torracinta a défendu auprès de la CIIP (Conférence latine des directeurs de l’Instruction publique) l’introduction de l’orthographe rectifiée, alors que le Grand Conseil genevois l’avait clairement refusée par une motion. Une pétition romande avait en plus fait un tabac en s’y opposant.
En outre, le projet de réformer le Cycle d’orientation (CO22), loi bâclée et bancale, imposée à la va-vite, a fait l’objet d’un référendum qui a abouti; le peuple devra voter le 15 mai, en se demandant ce qui peut bien sortir de bon d’un pareil Département, si laborieusement géré.
Enfin, l’affaire de Mancy, qui a pâti de la chape de silence et de crainte qui habite tout le DIP est un véritable scandale pour Genève, qui attend les rapports nécessaires. Une pareille dérive d’un foyer (peut-être d’autres?) n’aurait jamais dû se produire si le DIP, totalement paralysé, avait permis une circulation de l’information.
Restent 15 mois jusqu’aux élections du Grand conseil et du Conseil d’Etat! Il en faudra, du courage, pour reprendre et redresser ce chaos.
Jean Romain
Député PLR au Grand Conseil genevois
Sézenove/GE
Durable
On ne peut que donner raison à Anne DuPasquier qui, allant complétement à contre-courant de l’idéologie actuelle, plaide en faveur du «quartier durable» (drôle de formulation néanmoins: pourquoi «quartier» et non pas généralement «construction»?) (Journal de l’immobilier no 22, du 2 mars 2022).
Rien en tout cas de plus simple pour y parvenir: il suffit de renouer avec les pratiques de l’humanité de l’Antiquité, du Moyen Age et des temps modernes jusqu’au XIXe siècle, où on bâtissait pour des siècles, sinon des millénaires, au contraire de ce qui est devenu la norme de notre époque, où on vise à produire (vite et à bon marché) à l’horizon de quelques dizaines d’années, après quoi les constructions sont complétement fissurées, les ponts s’effondrent, toutes les machines et dispositifs sont hors d’usage. Les techniques anciennes sont encore connues, documentées et illustrées par nombre d’exemples toujours debout; nous avons donc tout ce qu’il faut pour les remettre en vigueur, ou au moins pour nous en inspirer.
Construire de manière durable est une chose, mais il faudrait respecter également un autre paramètre: construire de manière esthétique, cela étant d’autant plus précieux que les bâtiments seraient appelés à durer. A cet égard, les exemples de construction récente que vous montrez dans votre iconographie, semble-t-il comme exemples à suivre, («Vergers» à Meyrin/GE, «Coopérative d’En face» à Neuchâtel), sont consternants de laideur (et illustrent un entassement humain insupportable). Enfin, il faudrait veiller à ne pas être obnubilé par le seule urbanisation: pour une qualité de vie digne de ce nom, il s’agit de maintenir ou peut-être même de développer les zones non bâties, laissées à la nature ou servant de terres maraîchères ou agricoles, zones qui actuellement ne cessent d’être amputées au profit des mégapoles.