VOTATION FéDéRALE DU 25 SEPTEMBRE 2022
Stabiliser le financement de l’AVS et maintenir le niveau des rentes
La population suisse sera amenée à se prononcer le 25 septembre prochain sur une réforme importante de l’AVS (AVS 21) et sur un financement additionnel par le biais d’un relèvement du taux de TVA. Objectif: pérenniser le financement de l’AVS et maintenir le niveau des prestations de cette assurance. Interview avec Blaise Matthey, directeur général de la Fédération des Entreprises Romandes Genève (FER Genève).
– Pourquoi est-il nécessaire de réformer l’AVS?
– Avec l’augmentation de l’espérance de vie, il faut verser des rentes de vieillesse sur une période beaucoup plus longue, 13 ans en 1948 contre 21 ans aujourd’hui. Par ailleurs, le nombre de bénéficiaires de rente a également progressé et la génération des baby-boomers prend progressivement sa retraite. Ces phénomènes pèsent lourdement sur les comptes de l’AVS, qui sont actuellement fragiles. Si l’on n’agit pas rapidement, les dépenses dépasseront les recettes et, dès 2025, le résultat de répartition sera négatif. Le déficit se creusera et atteindra 4,7 milliards de francs d’ici à 2032. La réforme AVS 21 apporte des solutions pour équilibrer les finances de l’AVS et garantir le financement des rentes au cours des dix prochaines années.
– Les femmes partiront désormais à la retraite à 65 ans. Dans ce cadre, des mesures de compensation sont prévues. Sont-elles vraiment à la hauteur?
– Ces mesures de compensation visent à atténuer les effets du relèvement de l’âge pour les femmes proches de la retraite, soit la génération transitoire. Il y a deux types de mesures prévues, qui dépendent du moment de la retraite. Les femmes qui décident de ne pas prendre de retraite anticipée pourront toucher une rente supplémentaire à vie, en tenant compte de leur revenu et de leur année de naissance. Le montant maximum pourra atteindre 1920 francs supplémentaires par année. Ces suppléments ciblent en particulier les femmes qui en ont besoin, soit les salaires bas ou moyens. Ce supplément de rente n’est pas soumis au plafonnement pour les couples mariés et n’entraîne pas de réduction du montant des prestations complémentaires auxquelles auraient droit ces femmes.
Les femmes qui optent pour une retraite anticipée pourront le faire avec des taux de réduction favorables, et cela dès 62 ans pour la génération transitoire, 63 ans pour les autres femmes. Pour les salaires les plus modestes, le taux de réduction est de 0% si la retraite est prise à 64 ans. Elles ont aussi la possibilité de n’anticiper qu’une partie de la rente.
Toutes les femmes choisissant de travailler jusqu’à 65 ans cotiseront une année de plus, ce qui aura un effet bénéfique non seulement sur leur AVS, mais aussi sur leur prévoyance professionnelle. Même si le montant n’est pas important, percevoir pendant un an un salaire plutôt qu’une rente sera toujours économiquement plus avantageux. Les mesures de compensation sont donc à la hauteur, surtout pour les femmes qui ont des revenus modestes. Elles ont un intérêt particulier à accepter cette réforme.
Blaise Matthey, directeur général de la FER.
– Le financement additionnel de l’AVS par le biais de la TVA est-il indispensable?
– Oui, l’harmonisation de l’âge de la retraite entre les femmes et les hommes ne suffira pas à sécuriser financièrement l’AVS. Le financement additionnel par le relèvement de la TVA de 0,4% apportera 1,4 milliard de francs par an. Cette mesure concerne tous les citoyennes et citoyens. Elle garantit une solidarité intergénérationnelle au niveau des efforts fournis. Elle est nécessaire pour que les futures générations de retraités soient assurées de percevoir une rente digne. L’augmentation de la TVA est indispensable pour stabiliser l’AVS au cours de la prochaine décennie. Elle permettra aussi de ne pas faire peser tout le poids de la réforme de nos retraites sur la génération suivante.
Le 25 septembre prochain, il s’agira de soutenir tant la réforme de la loi AVS que le financement additionnel de l’AVS par le biais du relèvement de la TVA. Les deux objets sont liés: si l’un d’eux est rejeté, c’est toute la réforme qui échoue. Pour que l’AVS reste solidaire, il faut qu’elle soit solide. C’est l’objectif de cette réforme.