Boutures de laurier rose.

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culture & nature - Au joli mois d’août

Voici venir le temps des multiplications

16 Août 2023 | Culture, histoire, philosophie

La mi-août est la seconde grande période pour entreprendre la multiplication d’une grande variété d’arbustes. C’est une opération extrêmement facile à réussir. Aux économies substantielles réalisées s’ajoute l’immense plaisir de faire naître de nouvelles plantes qui reproduiront les mêmes caractéristiques que la plante-mère. Conseils.

C’est à partir du mois d’août et jusqu’à fin septembre que certaines plantes achevant leur période de croissance printanière présentent des tiges dites précisément «semi-aoûtées». Ce sont des rameaux qui ont une consistance semi-ligneuse, car ils ont commencé à se rigidifier et à prendre la couleur du bois. La première phase consiste à prélever une tige semi-ligneuse issue d’une pousse de l’année et à l’«habiller». La choisir ni trop tendre, ni trop dure, d’un vert déjà foncé, mais pas encore brune. Et surtout sans insecte et sans fleur. L’état de la plante-mère est très important. Elle doit être parfaitement saine et vigoureuse, pour favoriser le développement de rameaux qui auront davantage de chances de s’enraciner. Avec un sécateur, des ciseaux ou une lame de rasoir très propres, désinfectés à l’alcool à 90°, couper le rameau sur environ quinze centimètres en tranchant nettement juste sous une paire de feuilles. Paire de feuilles située à la base de la bouture qui sera supprimée de la même manière que le bourgeon terminal. Réduire également de la moitié de leur taille les feuilles restantes. Cette opération a pour but de limiter la transpiration et donc le dessèchement de la bouture. La deuxième phase consiste à remplir une terrine ou des petits pots individuels dans un terreau spécial semis, ou dans un mélange moitié terreau et moitié sable. Le substrat doit être le plus léger possible et la capacité de drainage élevée. Eviter à tout prix les terreaux trop compacts, favorisant le développement de pourriture. Tout excès d’eau serait aussi susceptible de faire pourrir les boutures. Le délai d’enracinement varie entre quatre et six semaines, pendant lesquelles il faut maintenir une forte humidité et un ombrage suffisant autour des boutures, pour éviter tout risque de déshydratation.

Hormone de bouturage

Pour augmenter les chances de réussite, il est vivement conseillé d’utiliser une hormone de bouturage, que l’on trouve en jardinerie sous forme de poudre en sachets individuels. Schématiquement, c’est un concentré de substance végétale que les plantes sécrètent naturellement pour s’enraciner. Il suffit simplement de plonger la partie inférieure des boutures, sur une hauteur d’environ 3 cm, dans cette poudre avant leur mise en place. Non seulement l’émission de racines sera favorisée, mais la cicatrisation à l’endroit de la coupe sera accélérée. Attention: éviter absolument de surdoser. Trop d’hormones risque de provoquer des malformations, une non-reprise, voire la mort de la bouture. En outre, certaines plantes, comme la misère* par exemple, produisent suffisamment d’hormones naturelles d’enracinement pour ne pas avoir recours aux hormones de synthèse.

Bouturage dans l’eau

Le laurier-rose peut aussi être bouturé dans l’eau. Prendre un pot, le remplir d’eau et y plonger les tiges sélectionnées. Les premières racines apparaîtront au bout d’une quinzaine de jours, mais il faudra attendre au moins deux mois avant de rempoter le nouveau pied dans un mélange de terreau, de sable et de tourbe. Le rempotage définitif n’interviendra qu’après un hiver passé sous abri. Attention: le passage de l’eau à la terre est relativement délicat, car les racines sont fragiles et plutôt cassantes.

Causes d’échec

Les principales causes d’échec du bouturage sont la mauvaise saison, la mauvaise partie de la plante et la mauvaise conservation. En ce qui concerne la saison, les boutures de tissus tendres (tiges) se font plutôt au printemps; celle des rameaux légèrement durcis en fin d’été et les boutures de bois dur se font au moment où la sève redescend, autrement dit en automne. Si la bouture n’a pas émis de racines ou si elle s’est enracinée, mais n’a pas produit de pousses, c’est généralement parce que le rameau n’a pas été bien sélectionné. Il faut toujours choisir des parties situées à l’extrémité, sans fleur ni boutons à fleur. La mauvaise conservation est la troisième cause d’échec. Les boutures sont extrêmement sensibles, non seulement aux coups de chaud ou de soif, mais surtout à l’humidité.

 

Denise Filippi

 

*La misère, plante d’intérieur populaire, tire son nom botanique Tradescantia du botaniste britannique John Tradescant le jeune, jardinier du roi Charles 1er d’Angleterre, qui rapporta la plante de ses expéditions en Amérique. Son nom commun de «misère» vient des tiges qui peuvent finir par pendre tristement avec le temps.

GROS PLAN

Quelques arbustes
à multiplier

 

Camélia, Clématite
Cognassier, Cotonéaster
Cytise, Forsythia
Fuchsia, Fusain
Groseillier à fleurs, Hibiscus
Hydrangea, Laurier rose
Laurier sauce, Laurier cerise
Oranger du Mexique
Rhododendron, Rosier
Syringa, Viburnum