Buste drapé et cuirassé de Constance II et sur le revers: Rome, casquée et Constantinople tourelée assises de face, tenant un globe surmonté d’une victoire et un sceptre.

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Enchères Numismatica Genevensis

Une collection qui honore l’histoire de Genève

8 Déc 2021 | Culture, histoire, philosophie

Numismatica Genevensis SA marque un retour aux ventes en salle triomphal. Durant deux jours, à la mi-novembre, plus de 800 lots sont passés sous le marteau. Pièce phare de la vente n°14, une pièce de 5 francs suisses (une thune, un écu ou cent sous) de 1886, la monnaie la plus rare de l’Union monétaire latine, a été adjugée à CHF 280 000, prix marteau. Très attendue, la collection genevoise, fleuron de la culture et de l’histoire de la République, a été entièrement dispersée à des prix records.

La pièce de cinq francs de 1886 représente l’Helvétie avec les Alpes en toile de fond, un moule créé par le médailleur genevois Antoine Bovy pour la nouvelle monnaie de la Confédération récemment établie. Sur son revers se trouvent la valeur et la date dans une couronne de chêne et de rhododendron. Il n’existe que deux exemplaires connus de cet écu.
Numismatica Genevensis SA a proposé aux enchères la première partie d’une collection de monnaies genevoises, couvrant plus de 1500 ans. Accumulé depuis plus de 40 ans, l’ensemble a été divisé en deux parties dont la première, 272 pièces au total, a été dispersée. La deuxième partie, quant à elle, fera l’objet d’une autre vente en 2022.
Cette collection est indéniablement l’ensemble de monnaies genevoises le plus complet au monde. Elle réunit des monnaies du premier millénaire, comme le tiers de sou mérovingien qui a réalisé CHF 34 000, des deniers de l’Evêché de Genève, ainsi que les dernières pièces de la République, frappées en 1848. La plupart des lots ont largement dépassé leur prix de base.
Frank Baldacci, directeur général de NGSA, souligne: «Nous avions le secret espoir que le passage aux enchères de la collection genevoise puisse attiser les intérêts et braquer les projecteurs sur une partie importante du patrimoine culturel genevois. L’enthousiasme déclenché par les pièces des XVIIIe et XIXe siècles nous donne confiance quant au sort qui sera réservé à ces merveilleux témoins du passé, dont certains trouveront leur place dans des musées».
A l’heure du bitcoin et autres cryptomonnaies, les pièces anciennes sont en tout cas à l’honneur. En effet, c’est toute une partie de l’histoire de Genève qui est passée sous le marteau de Me Caroline Tronchet. Par exemple les monnaies de l’Evêché de Genève, dont les premières pièces firent leur apparition au début de l’an 1000, et les pièces de la période révolutionnaire et d’occupation française. Celles-ci se distinguent par leurs légendes, qui constituent à la fois des injonctions et des préceptes moraux. Le mi-décime est gravé des phrases «Travaille et économise» et «Les heures sont des trésors». S’inscrivant dans cette même pensée valorisant le travail, le décime proclame haut et fort que «L’oisiveté est un vol».

La pièce de 5 Francs 1886 B a été adjugée à CHF 280 000, prix marteau.

Monnaies romaines

NGSA a également présenté un catalogue regroupant cent monnaies d’or romaines, représentant les empereurs et impératrices de l’époque, qu’il s’agisse d’Auguste, de Néron et d’Hadrien, Plotina, Salonina et Galeria Valeria, Dioclétien ou de Constantin le Grand. D’autres souverains moins connus étaient également représentés. Trois siècles couvrant le destin de l’Empire romain, illustrés par un ensemble de monnaies d’or à la rare qualité de préservation.
La série de pièces était très vaste, allant de l’aureus ou denier d’or de Jules César, avec la tête de Pietas d’un côté et des instruments sacerdotaux de l’autre, à un médaillon pesant deux aurei (deniers) que Constance II avait frappé à Antioche entre 347 et 350, qui a établi le record de vente, à CHF 150 000, prix marteau (prix de base: CHF 75 000.-).
Certains lots étaient particulièrement remarquables, parmi lesquels une monnaie très rare de Macrin (règne de 217 à 218). Elle représente le buste lauré et cuirassé de Macrin. Sur le revers de cet aureus se retrouve la Santé, vertu personnifiée apparaissant sur les monnaies romaines depuis Tibère. Macrin, empereur dont la légitimité était contestable, avait émis un nombre particulièrement important de monnaies représentant la Santé, l’objectif étant de répandre ce message: la santé de l’Empire est intimement liée à sa personne.

Léa Tremblay