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La Concorde (Genève)

Une ancienne ferme devenue Maison de quartier

2 Nov 2022 | Culture, histoire, philosophie

Grâce à la patiente résistance de l’Association des habitants du périmètre de La Concorde en pleine densification urbaine, l’ancienne ferme Menut-Pellet, rue Henri-Golay à Genève, a été entièrement restaurée et réaffectée en Maison de quartier par la Ville. Une reconversion radicale dont l’alchimie architecturale retient la substance de l’ouvrage inscrit au patrimoine, rare témoin du paysage rural genevois.

Au sein de La Concorde, triangle de 28 hectares sur les hauts de Saint-Jean, coincé entre deux grandes artères routières et les voies ferrées, à cheval sur les communes de Genève et de Vernier, l’inauguration de la Maison de quartier, le 18 octobre dernier, fut un moment de liesse particulier. Un moment à la hauteur de la longue attente de l’Association des habitants (AHQC), engagée depuis sa création en 1998 à sensibiliser les politiques sur les besoins en infrastructures publiques. Après les vains espoirs d’installer l’équipement socio-culturel dans la Villa Concorde, autre bâtiment patrimonial finalement affecté, en 2011, au Service des pompes funèbres, c’est l’ancienne ferme de la famille Menut-Pellet qui a retenu toute l’attention. Construite en 1780, acquise par la Ville de Genève en 2003 et louée avec des baux de courte durée, la voici, après deux ans de retard dus à la crise sanitaire et après trois ans et demi de travaux, apte à combler les manques de ce quartier populaire en pleine mutation. Il devrait, sous l’emblème d’écoquartier, passer de 4000 à 6000 habitants à l’horizon 2025, dont 32% de jeunes de moins de 25 ans (contre une moyenne de 23% en ville). Les loyers accessibles prévus dans les nouveaux immeubles, la plupart aux mains de la Fondation de droit public Emile Dupont, sont effectivement propices à la présence de familles, issues notamment de la migration.

Un véritable lieu de vie

Conçue et menée par le bureau genevois d’architectes Kunz, la restauration du corps de ferme et de ses dépendances a permis d’intégrer les nouveaux espaces dans les structures existantes. Veaux, vaches, couvées, grange, fenil et habitat ont définitivement laissé place à des salles de réunions, de cours, des ateliers de musique et d’activités créatives. L’entrée principale, autrefois entrée des chars à foin, donne accès à un vaste espace en triple hauteur, équipé d’une buvette, à la fois lieu d’accueil, de rencontre et d’événements. Les combles et la charpente d’origine restent partiellement visibles au travers d’un dispositif aérien composé d’un pont roulant. Les aménagements extérieurs comprennent la cour d’entrée, dont la fontaine de 1884 et le sol en galets ont été remis en valeur. A l’arrière, le grand jardin intègre le potager réhabilité. Une chaudière à pellets pourvoit à la production de chaleur pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, respectant ainsi la stratégie «100% renouvelable en 2050» adoptée par la Ville de Genève. Au final, une architecture vivante du patrimoine bâti qui «va permettre de renforcer le sentiment d’appartenance dans ce secteur», a relevé Christina Kitsos, conseillère administrative en charge de la Cohésion sociale. Maire de la Ville, Frédérique Perler a souligné l’excellence des travaux effectués, en remerciant la trentaine d’ouvriers et artisans locaux impliqués dans la rénovation aux côtés des architectes et ingénieurs. En présence de la famille Menut-Pellet, du maire de Vernier, de membres du Forum Démocratie participative (Forum 1203), de l’équipe d’animateurs des lieux et d’un public venu nombreux, elle a remis les clefs à Marie Janssens, trésorière de l’AHQC. La maison qui sera ouverte dès le 21 novembre prochain prend ainsi possession d’un équipement pérenne qui clôt le long chapitre de locaux provisoires ou mobiles. Le coût de l’opération s’élève à 6,9 millions, aménagements compris.

 

Viviane Scaramiglia