Vamoninos c’est Partitos

Inoubliable mythomane dans son premier one-man-show, gaffeur invétéré en solo dans «#Karma», Antoine Maulini, humoriste et artiste genevois protéiforme, s’entoure d’une flopée de danseurs et chanteurs pour nous transporter à La Havane, dans une comédie tourbillonnante où l’art de la séduction s’embourbe dans les apparences trompeuses. Décollage à Chêne-Bourg, du 27 avril au 1er mai.

De la salsa, du mambo, du cha-cha-cha, de la rumba en folles vrilles, des chanteurs, une grande «voz» cubaine autour d’une comédie où l’aventure sentimentale rocambolesque rejoint la drôlerie de l’interprétation: voilà le magistral pied-de-nez à la pesanteur proposé par Antoine Maulini, en co-production avec la Compagnie Confiture. Célèbre pour ses spectacles en solo, «Mytho» et «#Karma», l’humoriste, tout à la fois comédien, chorégraphe et danseur, s’entoure d’une belle brochette d’allumés du rythme et, pour une fois, d’une comédienne. Celle qui lui donne la réplique n’est autre que Rose-Marie Bolli, la fameuse finaliste genevoise de «Pékin Express» (l’émission de M6), par ailleurs conseillère en insertion professionnelle au quotidien, qui signe sa première apparition sur les planches.
Un duo percutant livré aux jeux de la séduction faits de quiproquos et de faux-semblants. Entre Maulini, petit métisse râblé d’1,69 mètre, coronasceptique, antivax, vibrion joyeux et schizophrène qui se fait passer pour une star, et la belle, atteinte de la maladie de la Tourette, venue rencontrer à La Havane un grand et beau Cubain repéré sur Tinder, la duplicité des personnages se dévoile dans les vertiges d’une idylle improbable. Morale de l’histoire: les apparences peuvent être trompeuses. Rêves, déception. Et si, malgré tout, l’amour en sortait victorieux? «Suspense. Réponse dans les cinq dernières minutes du spectacle», promet Maulini. Au final, voici une «comédie musicante», comme il dit, qui a sa part d’universalité et dans laquelle chacun peut se reconnaître. Un show all inclusive dans l’univers des mouvements, de la sensualité et de la fiesta, où la seule empreinte carbone qu’y laissera le public sera celle de l’énergie à se lever pour danser à gré avec la troupe.

Les planches du salut

Antoine Maulini est infatigable. Il est même conseiller municipal Vert de la Ville de Genève. Pour cet hyperactif que la trentaine n’a pas assagi, la scène, dit-il, «est mon meilleur et merveilleux médicament». Et tant pis si la pandémie avait mis un petit temps une claque aux représentations de «#Karma», le showman est depuis reparti de plus belle. Ce talent au débit irrésistible remarqué dans La Revue et dans plusieurs productions de la Compagnie Confiture, nous a, depuis 2017, servi sa vie en solo entre autobiographie, affabulations et autodérision, en se jetant sans réserve dans ses galères, tendresse et colères.
Nouvelle étape dans ce parcours frénétique, son troisième spectacle nous livre aujourd’hui sa passion de Cuba et de la salsa qui pulse en lui à chaque instant. Double champion du monde de salsa cubaine en 2008 et 2009, l’homme aux multiples talents ne se lasse pas de retourner à La Havane pour y chanter et danser. Il s’y est rendu dix-neuf fois en neuf ans, en garde des images, des souvenirs et des anecdotes plein la tête, qui sont venus nourrir son écriture. De quoi emballer une nouvelle fois l’assistance, aussi bien par ses vannes que par son ébouriffant talent de danseur. Le tout dans une mise en scène de Gaspard Boesch.

Viviane Scaramiglia