L’Olympic, à côté du Titanic.

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Frère jumeau du Titanic

Quand l’Olympic détruisait un sous-marin allemand

25 Mai 2022 | Culture, histoire, philosophie

Si l’histoire du Titanic n’a plus de secret pour personne, on ignore souvent que le célèbre transatlantique eut deux «frères» presque identiques, le Britannic et l’Olympic. Ce dernier survécut à la Première Guerre mondiale et termina sa longue et tumultueuse carrière en 1934.

C’est en 1906 que la compagnie White Star Line décida de construire trois paquebots géants de plus de 45 000 tonnes (tonneaux de jauge brute/tjb). Il faut dire que la concurrence était rude avec les autres compagnies assurant les liaisons transatlantiques, la Cunard notamment. Le premier de la série, l’Olympic, mis sur cale en 1908 et lancé en octobre 1910, fit son voyage inaugural l’année suivante, sans aucun problème. Il avait pour capitaine Edward Smith, celui-là même qui commandera le Titanic lors de son unique et catastrophique voyage.
Au départ de sa cinquième traversée, en septembre 1911, l’Olympic, commandé par le capitaine Haddock (ça ne s’invente pas) heurta le croiseur HMS Hawke au départ de Southampton. La collision provoqua un trou dans la coque et le voyage fut annulé. Le 5 avril 1912, jour du naufrage du Titanic, l’Olympic rentrait de New York et entendit les SOS de son sister-ship. Herbert Haddock décida aussitôt de se diriger vers le lieu du naufrage. Mais, se trouvant éloigné d’environ 500 milles (926 km), il arriva trop tard. Après cette catastrophe, les réservations sur les navires de la White Star Line chutèrent fortement. L’Olympic fut alors renvoyé aux chantiers qui l’avaient construit pour y subir de nombreuses modifications: double-fond prolongé, ballasts agrandis et forte augmentation du nombre d’embarcations de sauvetage…

Un paquebot en guerre

Lorsque débuta la Première Guerre mondiale, l’Olympic continua pendant quelques mois son service commercial. En octobre 1914, toujours sous le commandement du capitaine Haddock, il tenta de remorquer le cuirassé Audacious, qui avait sauté sur une mine, tout en sauvant une partie de son équipage. En 1915, l’Amirauté britannique réquisitionna la plupart des grands paquebots pour les convertir en navires-hôpitaux ou en transports de troupe. C’est à ce titre que l’Olympic effectua de nombreuses traversées en direction des Dardanelles; il fut légèrement atteint par la bombe d’un avion au cours de son quatrième voyage.
En janvier 1916, il échappa à deux torpilles tirées par un sous-marin allemand. Il regagna ensuite l’Atlantique Nord pour transporter en Europe des troupes canadiennes, puis américaines. Le 12 mai 1918, alors qu’il se trouvait au large du cap Lizard (Cornouaille), le capitaine Hayes fut alerté par une vigie, qui venait d’apercevoir un périscope de sous-marin. Le paquebot était attaqué et il y avait 5000 soldats à bord! Sans perdre son sang-froid, le successeur d’Haddock ordonna de foncer sur le sous-marin, les machines poussées au maximum. Mal placé, ne pouvant s’échapper ni lancer ses torpilles, le sous-marin allemand U-103 fut ainsi éperonné et détruit. A la fin de la guerre, l’Olympic avait transporté plus de 119 000 personnes. Il reprit ensuite une carrière commerciale jusqu’en 1934, date à laquelle il fut désarmé et vendu à la démolition.
Le troisième navire de la série, le Britannic, eut moins de chance. Mis en service au début de la guerre, ce paquebot – qui était légèrement plus grand que les deux autres – ne connut jamais d’exploitation commerciale. Transformé en navire-hôpital, il effectua des allers-retours vers les Dardanelles. Le 21 novembre 1916, il heurta une mine (ou fut torpillé par un sous-marin) près de l’île grecque de Nisos Kea, aux environs de Lemnos, et coula une heure après l’explosion. Sur les 2000 passagers qui se trouvaient à bord, il n’y eut à déplorer la perte que de 33 personnes. Il faut dire que le nombre de canots de sauvetage était suffisant et que plusieurs bateaux furent rapidement sur les lieux. Le Britannic aura ainsi été le plus grand navire coulé de toute la Première Guerre mondiale.
Sur les trois géants des mers construits pour la White Star Line, deux subirent un triste sort et seul l’Olympic surnommé le Old Reliable (vieux fiable) termina normalement une carrière mouvementée et bien remplie.

 

Frédéric Schmidt