/

lectures - A l’approche des beaux jours

Petite sélection printanière

3 Mai 2023 | Culture, histoire, philosophie

Rien de tel, sur sa chaise longue et muni d’une bonne orangeade (voire d’un verre de rosé pour les plus audacieux), que quelques livres consacrés à l’immobilier et aux questions transfrontalières! Ou alors un roman de chez nous?

Rénover: comment «réenchanter» nos villes

Le Club de l’amélioration de l’habitat (CAH) a été fondé en 1992. Cet organisme français regroupe les principaux acteurs publics et privés de la filière d’entretien et de rénovation du parc immobilier résidentiel de l’Hexagone. L’un de ses objectifs est de discerner les mécanismes de motivation qui mènent à la réalisation de travaux. Le sujet est d’actualité brûlante, tant en France qu’en Suisse et à vrai dire dans l’ensemble de l’Europe. Sous le titre «Réenchantons nos espaces de vie», le CAH a récemment publié un intéressant ouvrage rassemblant les contributions de plusieurs experts et les travaux de ses différents groupes d’étude. «Ce livre met clairement en évidence que la rénovation n’est pas uniquement l’affaire des professionnels. C’est d’abord l’affaire des habitants», note Antoine Desbarrières, directeur de Qualitel, association pour la qualité du logement, soulignant que 80% des habitations françaises ont plus de vingt ans. Sous l’égide de Jacques Pestre et de Jean-Pascal Chirat, respectivement président et délégué général du CAH, ce petit livre plein de bon sens et de solutions concrètes apporte sa pierre (de taille) à la construction d’un bien-être accru dans le logement.

«Réenchantons nos espaces de vie»,
Editions PC – CAH, 132 pages.

Hommage
à Avanchet-Parc

Avanchet-Parc/GE, inauguré en 1977 et saluée comme «l’opération la plus importante dans l’extension de l’agglomération urbaine», a suscité depuis sa conception autant d’admiration que de critiques. Il reste que ses quelque 6000 habitants, dont plus de la moitié d’origine étrangère, forment une communauté heureuse de son cadre de vie, pensé avec subtilité par les architectes mandatés par le promoteur privé Ernst Göhner, qui a su fédérer les pouvoirs publics, les syndicats ouvriers et les milieux patronaux pour édifier, une dizaine d’années après Le Lignon, une cité voulue conviviale, arborée et dynamique. Reconnu d’importance nationale, Avanchet-Parc est aujourd’hui largement débarrassé de son image d’insécurité des années 80-90, période durant laquelle les médias relevaient un taux de criminalité au-dessus de la moyenne. Le centre commercial a été rénové et redynamisé, de nombreuses opérations de rénovation ont été efficacement menées par la Gérance centrale (Cogerim), sous la houlette de la Communauté des propriétaires, et aujourd’hui, si tous les problèmes d’un grand ensemble péri-urbain ne sont pas réglés, Avanchet-Parc s’avère une expérience urbanistique populaire réussie. Un ouvrage richement illustré en raconte l’histoire et en décrit avec talent la spécificité.

«Avanchet-Parc, cité de conception nouvelle
et originale», par Franz Graf et Giulia Marino.
Editions Infolio, 320 pages.

Eloge de la Suisse
par une Française

Les médias helvétiques, télévision publique en tête, se sont fait à l’époque une joie de saluer – avec ce masochisme typique de notre époque de contrition et de nos complexes de culpabilité de nantis – l’ouvrage violemment critique de la journaliste française Marie Maurisse, paru il y a quelques années et qui décrivait son arrivée et son séjour en Suisse comme un enfer, sous le titre lourdement ironique «Bienvenue au Paradis», accompagné du prétentieux sous-titre «Enquête sur la vie des Français en Suisse» (Editions Stock). On a beaucoup moins entendu parler du livre d’Anne Lucken, paru voilà quelques mois aux Editions Nouvelle Lune: «Que la Suisse demeure». Française d’origine mais vivant en Suisse depuis son enfance, Anne Lucken a décidé de s’installer avec son mari «purement suisse» en France dite voisine, quittant Genève pour trouver une propriété avec jardin à un prix abordable. Réponse au brûlot franchouillard de Mme Maurisse, l’ouvrage ne dissimule pourtant pas les problèmes du «Grand Genève», ni les illusions que se faisaient ceux qui s’installaient gaillardement de l’autre côté de la frontière: moins d’impôt, des prix immobiliers accessibles, certes; mais brusquement, des ennuis pour l’accès des enfants à l’Université, des histoires de caisse maladie, des embûches de toute sorte et le sentiment de n’être plus nulle part chez soi.

«Que la Suisse demeure», par Anne Lucken.
Editions Nouvelle Lune, 320 pages.

Crimes dans un internat
catholique

Christian Lanza, professeur de français et de latin durant de nombreuses années dans l’enseignement public, a aussi été entraîneur des jeunes du FC Servette. Aujourd’hui retraité, il vient de publier chez Favre un roman haletant, un peu autobiographique puisqu’il se déroule en partie dans un internat catholique – univers qu’il connaît bien pour y avoir passé sa scolarité – et largement imaginaire (en tout cas, on l’espère!) puisque de nombreux crimes s’y déroulent. La police et la justice ayant quelque peine à élucider cette affaire, les anciens élèves se réuniront une cinquantaine d’années plus tard, ce qui donnera lieu à de troublantes révélations. Un style aérien, une lecture aisée et de quoi nourrir quelques réflexions plus profondes sur la loyauté en amitié et le côté obscur de chaque humain.

«Le loup et le diable», par Christian Lanza.
Editions Favre, 416 pages.

VINCENT NAVILLE